Trois mecs dont vous n’aviez jamais entendu parler viennent de battre un record dont vous aviez pas nécessairement connaissance. Voilà typiquement la synopsis d’un article qui commence très mal et pourtant, vous allez suivre l’histoire folle de trois américains qui viennent de relier l’Est des Etats-Unis à l’Ouest en voiture en un temps 27 heures et 25 minutes dans une course baptisée « Cannonball ». Découvrez les coulisses de ce record fou.
Si vous ne connaissez pas cette « compétition » c’est plutôt normal étant donné qu’elle incite à enfreindre la loi pour arriver à sa fin, ou plutôt, à la fin… du périple. Le principe est simple : rejoindre Los Angeles en partant de New York le plus rapidement possible, sans se faire attraper au passage par les forces de l’ordre.
Cannonball : genèse d’une course folle et illégale
Ça semble fou, mais aux Etats-Unis, il existe un important groupe d’aficionados de la vitesse qui ne jure que par le Cannonball. Aujourd’hui, lumières sur le trio Arne Toman, Doug Tabbutt et leur guetteur Berkeley Chadwick qui viennent de joindre les deux points plus vite que jamais. Une douzaine de tentatives « officielles » ont été réalisées depuis que le record avait trouvé un nouveau en champion en 2013, mais personne n’était encore passé sous la barre des 30 heures. Non seulement notre trio d’américains cinglés a réussi, mais ils ont explosé le record de presque 1 heure et demi.
Mais voilà la nature des records, ils incitent à être battus. En 1983, c’est David Diem et Doug Turner qui s’étaient emparés de la couronne en signant un 32 heures et 7 minutes. Puis, en 2006, Alex Roy et Dave Maher ont signé un 31 heures et 4 minutes avant d’être détrônés par Ed Bolian et Dave Black en 2013 avec un temps de 28 heures et 50 minutes.
Un nouveau record non sans préparation
Le départ du Cannonball a eu lieu le 10 novembre dernier de Manhattan (New-York), avec qu’une seule destination en tête : l’hôtel Portofino Hotel à Redondo Beach (Los Angeles). Après 4546,4 km à travers le Nebraska, Denver ou encore l’Utah, il arrivèrent enfin à Los Angeles au bout de 27 heures et 25 minutes de route (pauses pipi/carburant incluses) avec une vitesse moyenne au compteur de 166 km/h et des pointes à 310 km/h sur portions rapides.
Pour y parvenir, l’équipe de choc a utilisé une Mercedes E63 AMG (2015) avec une quantité incroyable d’instrumentations électroniques du type GPS, balise météo, caméra thermique, avertisseurs et brouilleurs de radars, etc. Ce record aurait demandé plusieurs mois de préparation afin de prévoir les routes à emprunter et trouver un moyen de rester le plus discret possible malgré de hautes vitesses. Outre la technologie à bord, ces derniers ont également soudé un réservoir annexe dans le coffre pour optimiser leur run et limiter leurs arrêts.
Pour revenir à l’AMG, elle a été préparée en amont de la tentative et développe 700 chevaux grâce à de nouvelles pièces (turbos, intercooler, admission, catalyseur, etc). Notez que les suspensions et le système de freinage sont restés d’origine, ce qui n’est pas le cas de certains éléments esthétiques extérieurs. Un vinyle gris (comme la couleur de cette E63 AMG) a été ajouté sur diverses pièces de la voiture pour la rendre « moins AMG », moins « criarde », toujours dans l’intérêt de ne pas se faire remarquer, bien qu’une berline grise (maintenant aux airs de Honda Accord) roulant au dessus des 200 km/h, ça doit se remarquer !
« Je ne voulais pas battre le record de quelques minutes […] Je voulais m’assurer que personne d’autre n’essaye car je ne voulais pas recommencer » a déclaré le leader Arne Toman. « La chose la plus difficile était la conduite de nuit avec la caméra thermique, puis de l’enlever sans passer pour des gens suspects le jour » ajouta t-il.
La technologie et l’entraide au cœur de la « performance »
L’équipe avoue en toute transparence que leur bagage technologique a beaucoup contribué à leur succès. Plusieurs voitures de police ont pu être identifiées ou anticipées avant qu’il ne soit trop tard. Mieux, leur projet Cannonball a suscité l’intérêt d’autres passionnés, qui ont proposé leur service pour partir devant eux sur de petites portions afin de contrôler la présence, ou non, de la police. Ils étaient au nombre de 18. La chance a également été un facteur important, aussi bien que le fait de n’avoir pas eu trop à faire aux forces de l’ordre mais aussi à des dangers liés à la sécurité (fatigue, etc).
Enfin, face à ce type d’exploit, il y a normalement une seule réaction à avoir : l’indignation complète face à toutes ces prises de risques, en mettant potentiellement d’autres personnes en danger. Après tout, rouler à 310 km/h sur les autoroutes américaines est tout sauf autorisé. C’est les Etats-Unis, pas l’Autobahn allemand. Sur ce constat, le recordman de 2006, Alex Roy, répond : « nous voulons montrer au monde que les américains savent conduire […] qu’est ce qui nous différencie vraiment d’un Allemand qui va rouler à 310 km/h sur l’Autobahn en rentrant du travail ? ».
Sur cette dernière déclaration philosophique, nous vous laisserons seuls juges. Il est difficile de concevoir un meilleur temps, après, les records existent souvent pour être battus. Mais est-ce que pour autant cette tentative était une bonne idée ? Non. La réponse sera toujours non.
La punchline Downshift
Ah oui on ne vous a pas dit ? Pour ceux qui ne voulaient pas perdre du temps à nous lire, il y a aussi cette vidéo beaucoup plus ludique ci-dessous… Sans rancune ?