Loin des péripéties des 24 heures du Mans 2019 qui a vu Alonso et le team Toyota remporter une nouvelle victoire, on parle rarement des partenaires responsables du succès de ces écuries. Aujourd’hui, on vous emmène dans les coulisses du fabricant de pneumatiques français Michelin afin de vous expliquer son rôle et fonctionnement pendant une course d’Endurance.
Grâce à Ford France, nous avons eu la chance de vivre la course des 24 heures du Mans d’une façon très spéciale (voir notre article sur notre « expérience Le Mans »). Entre deux tours d’hélicoptère avec un pilote fan de la page Downshift depuis longtemps (true story!!!), ce privilège nous a notamment permis de visiter le paddock Michelin, là où la magie du caoutchouc de compétition opère.
Les bases
Oubliez la prouesse technologique de Uber Eats qui te livre un McDo en moins de 15 minutes le dimanche soir, on est encore un niveau au dessus. Pendant une course telle que les 24 heures du Mans, Michelin dispose d’un technicien par team engagée. Ce dernier est présent pour fournir des conseils en fonction des données récupérées pendant la course et en analysant les jeux de pneus usés. A noter, chaque catégorie a un nombre de jeu de pneumatiques limité pour tout le week-end.
Catégorie | Essais, qualifs + Warm up | Course |
LMP1 | 28 pneus – 7 jeux | 48 pneus – 12 jeux |
LMP2 | 28 pneus – 7 jeux | 56 pneus – 14 jeux |
GTE PRO | 32 pneus – 8 jeux | 60 pneus – 15 jeux |
GTE AM | 32 pneus – 8 jeux | 60 pneus – 15 jeux |
Ensuite, une fois la stratégie trouvée, un « laquais » du team fonce avec une voiturette (illustration ci-après) vers le paddock Michelin. Comme au Drive de ton fast-food préféré, il passe sa commande de pneumatiques, toujours par jeu de quatre.
Les différents types de pneumatiques Michelin
A son arrivée, et selon les conditions météorologiques, la décision du technicien Michelin et des experts du team qu’il représente, un choix est fait. Trois possibilités sont ainsi proposées : un pneumatique SLICK (en déclinaison soft, medium et hard), un pneumatique WET (pluie) et un pneumatique HYBRID. Ce troisième type de pneu ressemble à deux gouttes d’eau au SLICK, mais sa composition et son esthétique sont légèrement différents.
Il ne faudra ensuite que quelques minutes aux équipes Michelin pour préparer la commande, en montant ces gros bouts de caoutchouc sur jantes, le tout gonflé entre 4 et 6 bars (toujours selon la stratégie du team). Ce même team pourra dégonfler ces derniers à leur guise si besoin…
Toutefois, comme chaque course est différente et qu’une course se gagne parfois sur des petits détails, Michelin offre la possibilité de graver des rainures sur les jeux de pneus HYBRID. C’est grâce à des « schémas de coupe » bien spécifiques et à un couteau chauffé à haute température que les équipes du fabricant français de pneumatiques les réalisent.
Quelques chiffres impressionnants
Sur une course telle que les 24 heures du Mans, vous vous doutez que Michelin est préparé et armé pour répondre à la demande de tous les teams. Voici quelques informations :
- 11 000 pneus sont prêts à l’usage sur le paddock Michelin
- Environ 3 200 seront utilisés pendant la course
- 28 camions sont nécessaires pour les acheminer
- Le paddock Michelin s’étend sur 1300 m²
- Il faut environ 200 composants pour créer un pneu d’Endurance
- Chaque pneumatique utilisé doit être rendu (même usagé) sous peine d’une amende
- Un pneu WET évacue presque 100 litres d’eau par seconde (et par pneu) à 300 km/h.
Mais une course d’endurance ne s’arrête pas au drapeau à damiers pour Michelin. Tous leurs pneumatiques sont équipés d’une puce RFID capable d’enregistrer certaines données. Ces dernières seront ensuite extraites par le fabricant français à Clermont-Ferrand à des fins de R&D. Notez qu’il peut arriver que ces données soient partagées avec des teams post-course dans certains cas.