Ventes toujours soutenues, clientèle bien plus jeune que sur les Ford Mustang et Chevrolet Camaro, et image intacte : la Dodge Challenger est le « mauvais garçon » du trio des coupés américains. Et c’est aussi le seul fidèle à ses racines.
A l’heure où l’on parle électrification, conduite autonome, nouvelles technologies et aides à la conduite, au sein du groupe Chrysler, on a ressorti les bon vieux « blue prints » des placards. Il y a onze ans, Dodge décide de relancer la Challenger après l’affront de la seconde génération, cousine… d’une Mitsubishi Galant. Dodge n’allait quand même pas terminer l’aventure de la Challenger sur un goût de sushi fade et insipide. Il fallait remettre les pendules à l’heure. Et « boy o’boy » s’ils ont réussi leur affaire !
Pour limiter les coûts, Dodge se tourne vers Mercedes, en empruntant notamment les bras avant et la suspension complète arrière sur les Classe S et E. Les dessous de la Challenger sont donc en grande partie allemands, mais le moteur, lui, est toujours ce bon vieux Hemi 6.1.
Un nouveau « classique »
Presque cinquante ans après le lancement de la Challenger originelle, Dodge a réussi son pari. L’auto se vend désormais mieux qu’une Chevrolet Camaro huit ans plus jeune, et si Dodge reste à distance de la Ford Mustang, il faut saluer le travail de la marque américaine, qui a su capitaliser sur des séries spéciales fortes (Hellcat, Demon…). Et surtout, Dodge a compris qu’un « classique » devait rester « classique ». Comprenez par là que le design doit immédiatement rappeler l’ancienne. Chose que semble avoir oubliée Ford et Chevrolet.
En plus d’avoir des ventes qui cartonnent toujours, Dodge peut se targuer d’avoir la base de clientèle la plus jeune du « trio » Mustang/Camaro/Challenger, avec une moyenne d’âge à 51 ans en neuf. Certes, c’est vieux, mais c’est bien moins que la concurrence. Acheter une Challenger implique de fait d’être resté un peu « gamin » dans sa tête, et d’aimer les jouets un peu fous.
Le cab’, c’est pour quand ?
Il manque cependant un élément dans la gamme Challenger : le cabriolet. De nombreux clients américains se tournent vers des carrossiers spécialisés qui font un joli travail de transformation, si bien que les exemplaires de Challenger « convertible » sont moins rares que l’on pense sur les routes américaines. Assez pour convaincre Dodge de franchir le pas ?
Probablement pas, et pour deux raisons : la première est qu’il faudrait renforcer la caisse, qui est déjà très lourde, pour limiter les torsions après l’ablation du toit. Et la seconde est plus pragmatique : la Challenger est vieille, et investir pour un modèle en fin de vie est un non-sens sur le plan du business. Du coup, les propriétaires devront continuer de se tourner vers les indépendants pour la transformation, pour leur plus grand plaisir.
Renouveler la Challenger, mission impossible ?
Comment renouveler un nouveau classique ? Dodge a d’ores et déjà promis de rester dans l’esprit de l’actuelle, et donc de l’ancienne. La future Challenger sera dans la continuité sur le plan du design, et rien que pour ça, on salue Dodge. Il reste maintenant à savoir quelle plateforme sera utilisée pour l’auto et surtout si Dodge tournera le dos progressivement au V8 sur le plus gros « bad boy » de l’industrie actuelle aux Etats-Unis. Il faudra inévitablement faire des efforts en matière de rejets, mais le simple travail sur le poids pourrait déjà permettre de gagner de précieux grammes de CO2. Pour le reste, tout ce que l’on espère, c’est que la Challenger reste une auto de caractère, sans artifice, imparfaite, mais qui filerait la banane à la personne la plus chiante de la Terre.