Dessinée par un certain Giugiaro, à l’époque jeune designer d’automobiles chez Bertone, le coupé Alfa Romeo éponyme nous a ramenés dans un temps où conduire était presque un métier. Retour sur notre expérience avec l’italienne.
Alfa Romeo Giulia GT ou Coupé Bertone, appelez-là bien comme vous voulez, mais le produit reste inchangé. Lancé à la fin des années soixante, le petit coupé italien nous ferait presque rire aujourd’hui. Mais il ne faut pas oublier qu’elle était une vraie petite boule de nerfs à l’époque.
La Coupé Bertone fut dessinée par le carrossier italien au début des années soixante. Le designer à l’origine de ces lignes intemporelles est Giorgetto Giugiaro, qui s’illustrera plus tard sur de nombreuses créations transalpines (Alfa 156 restylée/159 et Brera) et étrangères (DeLorean, Lotus Esprit, Volkswagen Scirocco original…). La calandre avec les quatre feux n’arrivera qu’un peu plus tard sur la Coupé Bertone qui avait débuté sa carrière avec un feux simple de chaque côté de la face avant.
Aujourd’hui, la plupart des coupés sont plutôt massifs et disposent d’une visibilité exécrable. Mais dans les années soixante, les gabarits étaient bien différents et les surfaces vitrées bien plus importantes. Et quel régal que d’être au volant d’une voiture si facile à placer et… à garer, même si cette tâche est des plus désagréables : moteur préparé n’aimant pas les bas régimes, direction lourde et non assistée, tout est fait pour vous dégoûter de vous traîner. Privilégiez donc les hauts régimes, et nul besoin d’aller à des vitesses folles pour vous faire plaisir. C’est ça, aussi, la force d’une ancienne !
Le propriétaire de cette Bertone Coupé a entamé une transformation des plus radicales. Arceau cage, harnais quatre points, portières vidées, intérieur dépouillé et surtout planche de bord allégée. Elle ne pèse que 1,2 kg, contre plus de 10 kg pour la pièce d’origine. Ambiance sportive assurée.
La Coupé Bertone s’exprime enfin. Le quatre cylindres 1.6 à double arbre à cames en tête, en alliage léger, développe environ 130 ch et déteste le ralenti. Surtout que notre exemplaire à eu droit à une préparation lourde : arbres à cames « Colombo Bariani » (spécialiste italien en la matière), Collecteur Y trois en un, ligne complète d’Alfa GTA, le quatre pattes vous supplie de grimper dans les tours. Nous acquiesçons volontiers, et l’auto se révèle. Les envolées lyriques de la mécanique ne sont gâchées par aucun isolant phonique !
L’Alfa Romeo Coupé Bertone affiche quelques particularités, comme la boîte de vitesses à cinq rapports, un fait rare pour l’époque ! La plupart des transmissions manuelles ne proposaient en effet que quatre rapports – y compris sur des autos plus prestigieuses encore. Le cinquième s’est montré très utile à vitesse stabilisé, mais pour le reste, mieux vaut rester un cran en dessous. La synchronisation des premiers rapport étaient toutefois hasardeuse : il fallait ainsi jouer du double débrayage pour soulager la transmission. Le châssis fait des merveilles même si les pneus semi-slicks de notre exemplaire avaient tendance à suivre un peu trop les irrégularités de la route. D’autant plus que la direction n’est pas des plus précises autour du point milieu.
La Coupé Bertone ne pesant déjà pas grand-chose d’origine, notre auto, vidée, était aussi légère qu’un stylo ! Un pur régal sur les petites routes provençales. On en redemande. Mais la jauge de carburant (imprécise au possible), nous maintenait très alerte. Notre Alfa descendant aussi vite l’essence qu’un Polonais avec la vodka, il fallait faire attention sous peine de panne sèche. Mais heureusement, l’auto est légère, et donc facile à pousser…