Troisième et dernier article suite à mon invitation sur le circuit Paul Ricard du Castellet. Aujourd’hui je vais vous parler de l’essai de la Ford Focus RS.
Tout d’abord, bienvenue dans le segment où la concurrence est la plus rude. Pour la trentième griffe « RS » que Ford apposait sur une voiture, le constructeur américain n’avait pas le droit à l’erreur. Pourquoi ? Car la liste des prétendantes au titre de meilleure sportive (moderne!) est loin d’être petite. En face d’elle, la Ford Focus RS fait face aux tractions comme la Seat León Cupra, la nouvelle Honda Civic Type R, ou encore la Renault Mégane R.S. N’oublions pas les allemandes, en version intégrale qui plus est, comme la Volkswagen Golf R, l’Audi RS 3, la Mercedes-AMG A 45 ou encore la BMW M135i xDrive.
La Ford Focus RS en détail…
Performance et 0 à 100 km/h > Cet exercice est expédié en 4.7 secondes avec une Vmax de 266 km/h si on s’en réfère à la brochure. Grâce à sa transmission intégrale et son launch control, et malgré sa surcharge pondérale de 1524 kg, il est en réalité très facile de décoller avec cette Focus RS. A noter, elle est 162 kg plus lourde que la version ST, principalement à cause du poids de la transmission intégrale.
Moteur et boite de vitesses > Bon, c’est fini l’époque du 5 cylindres, arrêtez d’espérer revoir un tel moteur dans une Focus. La Focus RS dispose donc d’un 2.3L EcoBoost développant 350 chevaux et 440 Nm de couple (470 Nm avec les 15 secondes d’overboost). Dotée du même moteur que la Mustang Ecoboost, cette Focus RS reçoit néanmoins plusieurs modifications qui la différencie de la berline coupé. On notera par exemple l’utilisation d’un nouveau turbo qui lui assurera un flux d’air et un rendement optimal, ainsi qu’un couple disponible assez tôt, de 2000 à 4500 tr/min.
Comportement et tenue de route > La Focus RS, surtout avec le Pack Performance, est bien ancrée au sol. Après c’est une question de goûts personnels. Ceux qui préféreront une voiture un peu « tape-cul » seront ravis. Par contre si vous êtes à la recherche du même confort que dans la Focus « classique », passez votre tour. Néanmoins pour ce qu’on lui demande de faire en conduite nerveuse (piste ou campagne), la Focus RS répond présent.
Consommation et entretien > Faute à un moteur « préparé » et son plus gros turbo, et bien que la donnée officielle soit 7.7L/100, sachez que (hors circuit) vous serez plus proche des 11L/100. En effet, si vous jonglez entre un usage quotidien pour aller au boulot, et une conduite agressive le weekend, vous serez dans cette moyenne. Ensuite, si l’entretien est fait en bonne intelligence, vous ne dévirez pas crouler sous les factures. En revanche, attention aux pneus… Ils s’useront plus vite en mode « Drift ». Sachez que quatre Michelin Pilot Super Sports en 19 pouces + montage/équilibrage, c’est un chèque à 4 chiffres !
Intérieur et technologie > La Focus RS est peut-être une tueuse sur les routes, mais l’intérieur n’est pas son fort. Bien que l’on note la présence de supers sièges baquets Recaro en option, le reste est un peu en dessous de ce qu’on trouverait chez les concurrentes allemandes. Sachez également que si vous faites 1.85m comme moi, vous trouverez l’assise peut-être un peu trop haute à votre goût. Just saying Ford…
Design > La nouvelle Focus RS a un look plus agressif que ses concurrentes, sans être aussi extreme que l’ancienne version (mk2) de cette Focus RS. Notre voiture était habillée d’un bleu « Bleu Nitrous » (bleu clair quoi…). A cela vient s’ajouter un kit carrosserie plein de caractère à la limite du too much. Le reste des « codes sportifs » sont là, un échappement qui « POP », quelques badges « RS » à l’intérieur/extérieur, un diffuseur arrière, ou encore le petit becquet arrière, plus impressionnant que techniquement utile… 😉 « J’ACHÈTE » !
Verdict au volant.
Avant de vous la jouer pilote de rallye à bord de cette Focus RS, il faudra d’abord vous habituer à une position de conduite « plus haute » qu’ordinaire, ainsi qu’à un volant peut-être un peu trop massif selon les goûts. Mais une fois que vous l’aurez bien prise en main, la première chose que l’on remarque c’est la qualité de la transmission intégrale signée GKN. Ainsi, dites au revoir au différentiel arrière classique, et dites bonjour à un embrayage pour chaque roue, leur permettant d’évoluer et de gérer le couple par roue, indépendamment.
Mode Drift : Ken Block surcoté ?
Pour commencer, il est ironique de constater que ce mode va à l’encontre du challenge principal de tout constructeur : la tenue de route. La où la transmission intégrale signée GKN fait un excellent travail, le mode Drift est volontairement articulé pour presque faire table rase de tout la technologie embarquée de cette Focus RS. Cela n’est pas une mauvaise chose puisque le résultat est plutôt réussi. Ainsi, au lieu de s’embêter à faire un appel/contre-appel classique, il vous suffira seulement de donner un coup de volant pour la faire partir de travers, puis remettre un léger filet de gaz, tout en orientant sa voiture. Il vous faudra littéralement qu’une main pour se la jouer Ken Block et drifter. Mais bien évidemment, à ne faire que sur circuit, je te vois venir Jean-Kevin VTEC… 😉
Après avoir discuté avec « Richard », l’ingénieur Michelin en charge du développement pneumatique, ce dernier m’a avoué avoir eu beaucoup de mal à mettre au point les pneus de série de cette Focus RS, la faute à un mode « Drift » annoncé à la dernière minute par le constructeur. Fort heureusement, grâce à Richard et ses équipes, les Michelin Pilot Super Sport répondent présents sur la piste. Il existe également en option des pneus avec encore plus d’accroche, les Michelin Pilot Super Sport 2. Ces derniers sont montés sur des jantes de 19 pouces en aluminium forgé, et donc forcement plus légères.
Sensations des autres « Mode ».
En mode Normal, sans surprise, c’est plutôt « calme », avec les quatre roues motrices qui garantissent une stabilité parfaite. La Focus RS n’est pas prise en défaut. Notez tout de même que ce mode la transformera presque en propulsion avec une répartition 70% à l’arrière et 30% à l’avant. Mais en réalité, cette répartition typée propulsion n’est pas ressenti une fois au volant, tant mieux, notamment grâce au système de couple vectoriel. Notez toutefois qu’avec ce mode, ajouté à ses 1500+ kg, ce dernier manquera d’agilité si vous souhaitez brusquement doubler une autre voiture sur des routes sinueuses. Normal !
Le mode Sport pour sa part émancipe un peu plus cette Focus RS, surtout au niveau de la sonorité de son échappement avec un « POP! POP! » à chaque passage de rapport. On se croirait presque dans un 5 cylindres ! Attention néanmoins à votre dos puisque la voiture sautillera d’avantage. On dit merci qui ? Non, pas ça… Merci ses suspensions fermes ! D’ailleurs deux modes de suspensions sont disponibles via le commodo gauche de votre volant. Indépendants des modes de conduite, et non pas pilotés mais bi-modes.
Enfin en mode Piste, dites adieu à presque tous les aides à la conduite, puisque la gestion de la motricité de la voiture vous permet d’aller presque « ALL-IN« . On découvre ainsi le vrai tempérament de la Focus RS. Si vous avez déjà un peu d’expérience sur piste avec ce genre de bolide, vous pourrez vous en donner à cœur joie sur de l’appel/contre-appel. Cette fois-ci au volant, on ressent plus la répartition 30%/70%. Bien que cela ne change rien à l’excellente tenue de route de la voiture et les superbes sensations transmises, on conseille presque ce mode au profit du mode Ken Block… euh « Drift » pardon.
Pack Performance : un « Must Have ».
La vraie star du Pack Performance c’est un différentiel à glissement limité Quaife. Ce nom vous dit peut-être rien mais pourtant c’est un système bien connu des « track rats« . Ce dernier ferait presque passer l’antédiluvien Haldex pour un système archaïque. La motricité en sortie de courbe est ainsi optimisée tout en resserrant les trajectoires, histoire de rendre les propriétaires des nouvelles Renault Mégane R.S. et Seat Leon Cupra R très jaloux.
Conclusion.
Il faut bien chercher la petite bête, mais globalement, mise à part les quelques petits défauts énoncés précédemment, cette Ford Focus RS est d’un plaisir incroyable, et est probablement la plus fun de son segment. Ainsi, Ford réussi le pari risqué de proposer une voiture performante, amusante et sérieuse, le tout à un prix compétitif. C’est avant tout une machine à sensations. Donc si vous êtes à la recherche de confort pour aller chercher votre pain le dimanche matin en voiture, qu’est ce que vous faites encore sur cet article ?
Le prix parlons-en. À partir à 40.000 euros, la Focus RS est une très bonne affaire pour une intégrale. Mais surtout, en plus d’afficher un prix similaire à ses concurrentes à traction, elle est clairement plus efficace que ces dernières. C’est dommage que l’on ne puisse pas la comparer à l’Audi RS3 et à la Mercedes-AMG A45, plus chères de 20-30.000 euros. Fort regrettable, car elle n’aurait pas à rougir face à ses allemandes…