Un moteur diesel dans une voiture « sportive » ? Ça n’est pas la première fois que cela arrive. Sur la Ford Focus ST, il revendique des chiffres intéressants. Mais à l’usage ? Et quid d’une telle voiture au quotidien ?
On va être totalement transparent avec vous, l’idée de départ était de faire un Daily Driver sur la Focus ST à moteur essence. Manque de bol, Ford ne pouvait pas nous en prêter (enfin, si, mais il fallait toute une logistique, aller sur Paris…). Bref, nous voilà repartis sur d’autres plans, que Ford nous propose une alternative : prendre une Focus ST diesel, disponible sans devoir perdre deux jours à aller sur Paris pour récupérer/ramener l’auto. Un diesel sur une Focus sportive ? Réflexion faite (et après moult tergiversations philosophiques sur la présence d’un moteur Ecoblue sous le capot d’une ST et sur notre âme qui serait vendue au diable si l’on acceptait) : « pourquoi pas », tentons le coup et voyons ce que cela donne…
SOMMAIRE
Ford Focus ST SW 190 – Intérieur, technologie, coffre
Sièges, position de conduite
D’origine, tous les modèles Focus ST embarquent des sièges Recaro (mixtes cuirt/Alcantara, chauffants) très enveloppants. Premier problème avec ces sièges : s’ils sont parfaits pour des gabarits relativement « fins », si vous êtes larges, avec une bonne carrure, vous vous sentirez probablement à l’étroit. C’est un peu le lot de tous ces sièges sport dans des autos finalement plus polyvalentes que vraies pistardes. Quoi qu’il en soit, l’assise dans la Focus ST offre un excellent maintien et des réglages avec suffisamment d’amplitude pour tous. Deuxième souci : ils sont plutôt fermes et peuvent être un peu usant sur de très longs trajets autoroutiers. Ce à quoi sera destinée en grande partie cette Focus ST diesel. Un autre bémol : pour un grand gabarit, il aurait été bien d’avoir un volant avec un réglage de profondeur plus important, histoire de pouvoir le « tirer » encore un peu plus et le rapprocher du buste.
La banquette arrière, dotée des fixations Isofix, est rabattable en 2/3-1/3 et offre de la place aux occupants. Le confort est bon (meilleur qu’à l’avant, selon les personnes qui ont embarqué avec nous), et le dégagement aux genoux est excellent. L’empattement plutôt généreux de cette Focus break ainsi que le dossier des sièges avant qui n’est pas exagérément épais permettent à ceux qui prennent place à l’arrière de voyager dans d’excellentes conditions. Seul le ciel de toit noir assombrit l’ambiance intérieure. Heureusement, le toit panoramique est présent au catalogue pour éclaircir tout ça.
Notez la présence d’un équipement (en option) très intéressant : des protections en plastique qui se déploient automatiquement dès que vous ouvrez une portière, afin de la protéger des coups en cas de choc avec un mur ou une autre voiture stationnée. Nous n’avons pas eu souvenir d’avoir vu cela à de nombreuses reprises sur des autos françaises, mais c’est pourtant une option bien présente au catalogue français.
Un mot sur la finition, pour clore ce chapitre : elle est très inégale. Si la partie haute (et donc la plus « visible ») est qualitative, nous ne pouvons pas en dire autant des habillages en plastique autour de la console centrale (certaines pièces bougeaient anormalement sur notre modèle d’essai pourtant peu kilométré). Même s’il s’agit d’un véhicule « presse » (donc potentiellement plus malmené qu’un véhicule particulier), la finition est très inégale, si bien que la tenue dans le temps et le vieillissement pose inévitablement des questions. D’autres petits détails agacent également, comme l’absence de vérin pour le capot (même si ça n’est pas spécifique à Ford).
Technologie
Lecture automatique des panneaux, permutation automatique des feux de route, assistant de maintien dans la voie… cette Focus ST est richement dotée, et tout est disponible de série, ou presque. L’affichage tête haute, activable selon ses désirs, est de qualité, mais il faut piocher dans les options (450 €). Tout comme le toit panoramique ouvrant, facturé 1150 €. Les phares Full LED adaptatifs font quant à eux partie d’un pack à 650 €.
La caméra de recul grand angle est d’excellente facture : c’est celle qui nous a offert la meilleure qualité d’image jusqu’ici parmi tous les modèles testés en utilisation quotidienne. La plupart du temps, les caméras voient leur image fortement dégradées par l’humidité, la tombée de la nuit ou tout autre perturbation. Ici, l’image est restée relativement nette tout au long de notre essai. Pratique, notamment avec un break qui dispose d’un porte-à-faux arrière marqué.
Aides à la conduite
- Régulateur de vitesse adaptatif
- Assistance au freinage d’urgence
- Avertisseur de franchissement de ligne
- Aide au démarrage en côte
Ecran tactile
Sur la Focus ST, l’écran tactile est posé sur la planche de bord façon « tablette ». Un choix discutable pour certains, mais cela offre l’avantage d’avoir un écran relativement haut, qui n’oblige pas le conducteur à baisser le regard pour aller naviguer dans les menus ou chercher sa musique préférée. Et de toute façon, pour aller plus vite, il y a toujours la commande vocale.
Les menus sont clairs et l’affichage de qualité (résolution idéale, et plutôt nette), mais la navigation souffre de ralentissements parfois pénibles. On est loin de la fluidité de certains modèles d’autres marques, et c’est regrettable puisque la fluidité des actions et des « swipe » participe grandement à l’expérience utilisateur.
Rangements
Pas grand-chose à signaler de ce côté, si ce n’est du grand classique. L’accoudoir renferme un espace de stockage, relativement généreux. Le vide-poche, les rangements dans les portières et aux places arrière, tout est dans la moyenne, ni plus, ni moins. Certaines compactes font mieux que la Focus dans le domaine avec des « bacs » plus grands et quelques petites astuces bienvenues, mais globalement, la Focus permet de ranger des babioles un peu partout.
Coffre
La Focus break est accueillante, c’est peu de le dire. Les 476 litres sont suffisants la plupart du temps, mais vous pouvez monter à 1,5 mètre cube avec les sièges arrière rabattus. Le plancher n’est pas totalement plat, mais l’accès au coffre est large et plutôt aisé. Nous avons pu y caser un vélo de route dans la longueur sans démonter les roues, et deux grosses valises. Il restait encore de la place pour stocker des objets de taille moyenne.
Ford Focus ST SW 190 – Conduite : à son volant
Moteur
Le rouge vif ( ou »rouge pompier », selon certains observateurs durant notre essai) aurait pu laisser présager de la présence d’un bon gros moteur essence sous le capot. Mais non : c’est ce 2.0 EcoBlue à traitement catalytique sélectif (SCR, réduction des NOx oblige, avec injection d’Adblue) qui officie sous notre modèle d’essai récupéré chez nos amis suisses (merci à eux, au passage !). A l’arrivée au domicile, la première réflexion fuse : « d’habitude, on t’entend arriver, mais là, elle fait un bruit bizarre l’auto, non ?« . Oui, d’accord, ça claque, et c’est pas symphonique : « oui, c’est normal, c’est un diesel« .
Passé cet outrage auditif, laissons un peu de place à l’objectivité. Les premiers jours laissent déjà transparaître le caractère de ce moteur : c’est un diesel. Comprenez par là que l’effet « pic de couple » à mi-régime est bien présent, et que le bloc a tendance à vite s’essouffler par la suite. Pourtant, en y regardant bien, la vitesse file vite. Et la fiche technique le prouve : le 0 à 100 est annoncé en 7,7 secondes. D’accord, c’est une seconde de plus que la version essence, mais est-il raisonnable de comparer les deux ? Si bien en termes de bilan budgétaire (consommation, assurance…) que de type de clientèle.
Finalement, ce moteur offre des reprises très confortables, sans devoir jouer de la boîte de vitesses. Une autre façon de voir la conduite dans une auto de sport, même si le curieux mariage entre le châssis dur comme la politique stalinienne et un moteur de Transit est discutable.
Dernier point, et non des moindres : le son. En mode Sport, Ford a implanté un amplificateur électronique de sonorité moteur. Oui, sur un diesel. L’effet n’est pas affreux, mais un peu exagéré et caricatural. En conduite classique, l’Ecoblue se montre assez bruyant et n’est pas le diesel le plus silencieux, ni celui qui vibre le moins dans la catégorie. Un bon point tout de même : le système Stop&Start particulièrement efficace, doux. Un des meilleurs que l’on ait pu tester jusqu’à présent.
Boîte de vitesses
La boîte de vitesses offre un maniement des plus fermes ! Un bon point pour un véhicule à caractère sportif, et le guidage/verrouillage est en accord avec le dureté globale de l’auto. Mais l’embrayage, lui, est plutôt brutal et manque de progressivité. Les trois premiers rapports se passent difficilement dans la douceur, avec cet effet de « moteur qui s’écroule » entre chaque changement de vitesse. Ce n’est pas spécifique à cette Ford (la faute, plutôt, aux volants moteurs bimasse et au manque de progressivité des boîtes actuelles, surtout en moteur diesel…).
Suspensions, direction, freinage
La Focus ST 190 diesel ne profite pas de toutes les spécificités de la version essence. Le différentiel autobloquant électronique et les suspensions pilotées restent une exclusivité sur l’Ecoboost. Notre modèle bénéficie quand même de suspensions sport, de freins spécifiques, de grandes jantes chaussées de gommes taille basse et de calibrages spécifiques de la direction, notamment.
Pour gommer les pertes de motricité, un Torque Vectoring (la roue intérieure est « freinée », en accord avec l’ESP) est là. Et il faut dire que malgré les généreuses chaussettes à l’avant, l’avalanche de couple sous la forme d’un pic caractéristique de moteur diesel peut malmener le train avant sur chaussée dégradée/humide. Rien de dramatique, mais cela engage de doser un peu les coups de « pied au plancher » dans certaines situations.
Le freinage, enfin, est amplement suffisant pour l’usage qu’auront les clients, qui n’iront certainement pas fouler le bitume des pistes avec cette Focus d’un genre un peu spécial. Mordant, efficace, avec un feeling plutôt bon à la pédale, il s’est montré à la hauteur, y compris dans les descentes de col.
A l’arrière, il était bon de relever un vieillissement très prématuré des disques (corrosion). Mais rappelons aussi qu’il s’agit d’une auto suisse, avec ce qu’il advient de conduite sur route salées et enneigées…
Ford Focus ST SW 190 – Consommation, budget, coûts
Proposée à partir de 34 750 € en France, la Focus ST SW EcoBlue 190 se retrouve un peu seule aujourd’hui. En effet, au sein du segment des breaks compacts, peu proposent une variante sportive, qui plus est en diesel. L’offre de Ford est quasiment unique (point de Renault Mégane GT break, de Peugeot 308 GT/GTI SW ou de Volkswagen Golf GTD SW). Compte tenu du niveau d’équipement de série et des performances très honorables de l’auto, la Focus ST SW « diesel » a une carte à jouer.
Rappel : nous n’effectuons pas de calcul du PRK (prix de revient kilométrique) comme le font certains de nos confrères pour une raison toute simple : il se base sur des variables trop changeantes/incertaines, comme le financement (crédit, LOA…), la décote, l’assurance (qui dépend évidemment du profil du propriétaire) ou encore le prix d’achat (qui varie fortement en fonction des remises). Nous nous concentrons donc sur des critères simples et peu ou pas fluctuants : planning d’entretien, prix des pneus, coût en carburant, malus, achat (sur prix catalogue).
Plein 1
- 161 km
- 90 % nationale, 10 % autoroute, dénivelé moyen
- Consommation réelle : 6,3 l/100 km
- Consommation ordinateur de bord : 6,3 l/100 km
Plein 2
- 507 km
- 80 % autoroute, 10 % urbain, 10 % nationale, faible dénivelé
- Consommation réelle : 5,9 l/100 km
- Consommation ordinateur de bord : 5,8 l/100 km
Plein 3
- 396 km
- 90 % autoroute, 10 % départementale, faible dénivelé
- Consommation réelle : 7,4 l/100 km
- Consommation ordinateur de bord : 7,3 l/100 km
Budget
- Puissance fiscale : 10 CV
- Prix moyen carte grise : 500 €
- Rejets CO2 : 148 g/km (WLTP)
- Malus : 260 € (WLTP)
- Prix véhicule (catalogue) : 35 750 €
- Prix disques/plaquettes arrière : 319 € TTC (donnée après-vente Ford France)
- Inspection annuelle obligatoire + entretien principal tous les 2 ans / 30 000 km
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