La Ferrari 456 GT vient d’une ère où les autos de grand tourisme étaient distinguées, classes, et sans esthétique m’as-tu vu. Le gros coupé nous a livré tous ses secrets durant une journée exceptionnelle à son volant. Retour sur une expérience qui me marquera pour longtemps.
Lancée en 1992, la Ferrari 456 GT fait suite à une lignée de coupés 2+2 entamée par la 250 GTE au début des années soixante. Le principe est, en apparence, très simple : une Ferrari pour les « familles ». Le concept existe, encore, aujourd’hui avec la GTC4Lusso. Un nom bien compliqué qui nous paraît tout bonnement stupide. Désolé, feu Sergio Marchionne et tes équipes à Maranello, mais vous auriez vraiment pu faire mieux…
Les années 90 étaient vraiment bénies en matière de voitures de prestige, particulièrement chez Ferrari. 456, 550, 512, 355 et fin de production de F40, avouez que le cheval cabré était à la fête ! Evidemment, le constat était moins glorieux en ce qui concerne la fiabilité (les propriétaires de 355 pourront certainement en témoigner) ou la facilité d’entretien, mais entre le design Pininfarina à son apothéose et la guerre avec Porsche (duel entre F40 et 959), sans compter sur la présence des Lamborghini Diablo et Bugatti EB110 dans la bagarre pour pimenter le tout, ce fut une drôle d’époque. Ah, au fait, vous ai-je déjà dit que les années 90 étaient bénies ?
Tout de cuir vêtue
La Ferrari 456 GT est une quatre places, mais en réalité c’est plutôt une 2+2. Ce qui signifie que les places arrière sont plus d’appoint qu’autre chose. Vous y mettrez un cul de jattes, ou peut-être un jeune enfant, mais guère plus. En tout cas, le simple fait de voir ce cuir rouge « Cartier » partout dans l’habitacle est un petit plaisir qui fait oublier le manque d’aspects pratiques.
S’installer au volant est aisé. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la Ferrari 456 GT n’est pas si basse que cela. Certes, on est loin du sempiternel SUV, mais l’accès au poste de conduite est facile. L’espace pour les deux occupants de devant est d’ailleurs immense ! La position de conduite est ainsi très vite trouvée. Tout se règle : volant (profondeur et hauteur), sièges (réglages électriques). Encore heureux, aurais-je envie de dire, à plus d’un million de francs dans les années 90.
La finition est, il faut le reconnaître, parfois indigne du prix demandé au moment de la commercialisation. Les commandes électriques ont mal vieilli, certaines se décrochent même de leur logement, et quelques plastiques ont sévèrement gondolé.
Un moteur extraordinaire d’agrément
Le V12 5.5 à quatre soupapes par cylindres, ouvert à 65°, développe 442 ch et 500 Nm de couple maximal, qui est toutefois haut perché. A l’essai, l’auto se montre d’ailleurs très (trop ?) sage à bas-régime, mais la souplesse du V12 est exceptionnelle. Il serait très certainement possible de démarrer en cinquième et de ne jamais changer de rapport jusqu’au rupteur, à plus de 200 km/h. Mais nous n’avons pas testé…
Cela m’amène à vous parler de cette fameuse boîte de vitesses manuelle à grille en H qui se manie d’une main de fer. Le temps de chauffe de la boîte est très long, mais une fois cette étape franchie, c’est un régal de maniement. Seule la seconde requiert parfois un peu de « muscles », ce qui m’a d’ailleurs incité à la sauter pour passer de la première à la troisième régulièrement.
Une fois au volant, je le confesse, j’étais comme un gamin. Mes attentes étaient-elles trop grandes ? Quoi qu’il en soit, les premiers mètres sont presque décevants. Le V12, bien que souple, est très discret et la puissance n’est pas folle. Il faut dire que la Ferrari 456 GT pèse près de 1800 kg. Mais passé les 4000 tr/mn, la mécanique se réveille dans une petite symphonie travaillée mais jamais très agressive. C’est ça, l’esprit GT « da Ferrari ».
Performances correctes, mais le plaisir est ailleurs
Evidemment, les 442 ch sont bien là et si l’on titille régulièrement la zone rouge, les performances sont de premier ordre… pour l’époque. Le 0 à 100 est abattu en 5,2 secondes, soit à peine mieux qu’une bonne berline compacte sportive de notre époque. Décevant sur le papier pour un V12, mais certainement pas au volant où l’enthousiasme de conduire une Ferrari de « puriste » prend le dessus sur tous les défauts.
Le moment est venu de rendre les clés. La Ferrari 456 GT a été une formidable expérience. Un parfait exemple de ce qu’est capable de faire Ferrari en matière de GT. Même si je trouve la GTC4Lusso actuelle un brin trop « criarde »…
Finalement, après ces quelques heures à bord, je réalise que la meilleure place de cette Ferrari 456 GT n’est pas à l’attaque sur circuit, ni sur autoroute. Elle est plutôt sur une jolie route de bord de mer, ou encore sur de belles portions autour du lac d’Annecy : de splendides décors qui se marieront parfaitement avec la ligne intemporelles de cette italienne s’appréciant, si possible avec un coucher de soleil et les phares « pop-up » sortis. Là, vous l’avez cette image ?
En tout cas, les différences avec une Aston Martin ou une Bentley sont immenses. La Ferrari 456 GT (tout comme la 355, que je porte très haut dans mon coeur) a ce charisme et cette flamme l’animant que n’ont pas, selon moi, les GT anglaises de l’époque. Une époque où l’on pouvait bien pardonner les (nombreux) défauts d’une Ferrari…