Une hybride rechargeable de 405 ch, avec des suspensions spécifiques Öhlins, de gros freins Brembo et des performances canon : voilà ce que promet la Volvo S60 « by Polestar ». Mais qu’attendre réellement de cette auto mi-figue, mi-raisin ?
Nous allons être honnête avec vous : nous ne savions pas trop à quoi nous attendre au moment d’essayer cette Volvo S60 gonflée aux stéroïdes. La dernière fois que votre serviteur a pris le volant d’une S60, c’était l’ancienne génération, en version T6 de 306 ch. Une bonne auto, mais manquant un peu de saveur, et qui nous rappelait un peu trop l’ère « Ford » de Volvo. Cette fois, c’est un tout nouveau produit 100 % Volvo. Mais comment aborder une berline de 405 ch, hybride rechargeable, à moteur quatre cylindres 2.0 turbo ?
Ne nous parlez plus de cinq cylindres
Avant tout, il est bon de rappeler une bonne chose : même si le cinq cylindres Volvo était un moteur exceptionnel en termes d’agrément et de fiabilité, il n’y en a plus sous les capot des suédoises, et depuis longtemps. Nul besoin, donc, de mentionner sans cesse ce moteur (le fameux « c’était mieux avant ») : le cinq cylindres, c’est ter-mi-né, faites-vous une raison ! Pour le pire, seulement ? Pas vraiment. Le cinq cylindres avait deux inconvénients : le poids sur le train avant, d’abord, la consommation, ensuite, avec un appétit très prononcé, même en usage normal et en conduite souple.
Présentons la bête
La S60 « Polestar Engineered », c’est quoi ? Premièrement, pour ceux qui n’auraient pas suivi, Polestar est la division sportive officielle de Volvo. Le « M » ou « AMG » de la marque suédoise, qui a d’ailleurs pris du galon puisque c’est carrément devenu une marque à part entière, comme Cupra chez Seat.
La touche Polestar, sur la S60, consiste en un certain nombre de modifications : suspensions Öhlins réglables, barre anti-rapprochement spécifique, freins à disque Brembo surdimensionnés à l’avant, et surtout gain de 15 ch par rapport à la S60 T8 classique, pour un total de 405 ch, pour 670 Nm. L’auto gagne également un volant sport chauffant, un mode de conduire « Polestar », une double sortie d’échappement en « chrome noir », les palettes au volant, les jantes forgées 19 pouces et, très important… les ceintures jaunes.
Le quatre cylindres 2.0 délivre un peu plus de 300 ch grâce à une double suralimentation : un compresseur et un turbo.
A bord de la S60 Polestar
La S60 Polestar présente certaines spécificités : volant sport, ceintures jaunes, badges Polestar. Les sièges sont réglables dans tous les sens (longueur de l’assise, maintien lombaire…) et très confortables. Place arrière, volume de coffre, la S60 joue dans la catégorie des BMW Série 3 et Mercedes Classe C : ni plus, ni moins.
La suédoise s’illustre quand même par un habitacle plus chaleureux (pas dans les couleurs, mais dans le dessin), très bien assemblé. Notre modèle était par ailleurs équipé de l’excellente sono Bowers & Wilkins.
L’ergonomie de l’écran est bonne, même si, au départ, on a tendance à chercher le bouton « menu » ou « navigation ». Ici, aucun bouton, tout se fait à l’écran avec un accès permanent aux différentes fonctions importantes. Le seul regret est la climatisation, qui se règle justement par le tactile, et pas par des commandes mécaniques, ce qui oblige à quitter des yeux la route pour aller trifouiller dans les menus et changer la température. Agaçant.
Premier visage : en hybride et 100 % électrique
Nous démarrons par une succession de traversée de villages qui ne nécessite pas de passer en mode Polestar (celui-ci maintient le moteur thermique en action en permanence, pour avoir la plus grande réserve de puissance). En hybride, la S60 gère seule les besoins en fonction de la vitesse et de la charge : full électrique, ou hybride. Nous parvenons à effectuer environ 40 km en mode 100 % électrique, avec une conduite très souple. Plutôt bon, et il serait théoriquement possible d’améliorer très légèrement ce bilan.
Forcément, en mode électrique, le silence est royal : la Volvo S60 filtre magnifiquement les bruits d’air. Un vrai régal en ville, grâce au couple de 240 Nm du moteur électrique, qui délivre un peu plus de 80 ch. Malheureusement, les batteries de 11,4 kWh se déchargent vite, et l’auto passe automatiquement en thermique. Une phase qui coïncide avec notre sortie des villages pour attaquer les cols provençaux.
Seconde nature : l’étoile polaire
Il est temps pour moi d’enclencher le mode Polestar pour voir ce que la mangeuse de Surströmming (allez donc consulter notre ami Google pour découvrir ce succulent plat suédois) a dans le ventre. Première impression immédiate : le décalage entre le mode hybride et le mode Polestar est tout simplement saisissant. Sur certaines autos, les changements de modes sont proches de l’imperfectible. Pas ici.
Direction, freinage, réponse à l’accélérateur, bruit, performances, tout est modifié, durci, amélioré… Les premiers lacets s’enchaînent vite et la S60 Polestar montre sa seconde nature. Une voiture littéralement soudée à la route (merci les quatre roues motrices et les généreux boudins ContiSport 6 en 19 pouces) : pas de sous-virage ou de survirage notoire, la S60 est neutre. Ennuyeuse, diront certains, mais il faut bien reconnaître que la Suédoise envoie du pâté, si bien que l’on oublie le poids conséquent de l’auto (la faute aux moteur électrique/batteries…). En fait, la S60 colle tellement à la route que ce sont finalement les sièges qui montrent très rapidement leur manque de maintien. J’ai dû jouer des abdominaux (enfin, ce qu’il en reste) sur les lacets pris à vive allure pour éviter de me « balader » dans le siège .
Deux déceptions, toutefois : la direction est plutôt « floue » et manque cruellement de remontée d’informations. Elle est trop typée confort, et cette impression est renforcée par le feeling à la pédale de frein, légèrement « mou ». Le freinage, en revanche, ne souffre d’aucun reproche : très puissant, et relativement endurant.
Les vigoureuses relances mettent en scène le sifflement du compresseur qui, associé à un son moteur amplifié dans l’habitacle, donnerait presque parfois l’impression d’avoir du V8 « Supercharged » sous le capot. Il n’en est évidemment rien.
Bilan de la journée : une consommation mixte sous les 8 l/100 km avec une bonne partie de conduite virile. Beau résultat pour une auto qui n’est pas une ballerine et qui revendique 405 ch. Merci la quarantaine de kilomètres en mode électrique. Si, toutefois, vous veniez à prendre l’autoroute sur de longues distances et ainsi vider les batteries rapidement, tablez sur une consommation mixte tournant autour de 8 litres. Pas mal non plus, pour le seul quatre cylindres de 303 ch.
Qu’en penser ?
A la vue des performances (0 à 100 en 4,4 secondes…), nous serions presque tentés de la placer face à une BMW M3 actuelle, ou une Audi RS4. Mais la Volvo S60 Polestar ne joue pas dans ce registre là : trop « timide », trop polyvalente, trop confortable. Elle ne joue pas non plus dans la cour des berlines classiques : trop puissante, trop performante, trop chère. Finalement, c’est un produit à part, que l’on ne range nulle part. La Volvo S60 Polestar est excellente au quotidien, pour peu que l’on puisse recharger les petites batteries à la maison et rouler en électrique, et diablement efficace lorsqu’il s’agit de pousser un peu.
Affichée à 67 600 €, la Volvo S60 Polestar n’est pas donnée. Mais il faut la voir comme une auto à tout faire, très élégante, avec un superbe intérieur, de la place, et, surtout : ce n’est pas une Allemande. Alors, rien que pour ça…
L'avis de Downshift
Greta Thunberg, la nouvelle « héroïne » des temps modernes, peut être fière de cette Volvo S60 Polestar. D’abord parce qu’elle est suédoise, mais aussi parce qu’elle cultive son côté « écolo », sachant rouler en électrique, en plus d’avoir 405 ch sous le capot. Vous pourrez ainsi brancher cette S60 sur une borne publique et montrer à tout le monde que vous êtes soucieux de l’environnement. Avant d’atomiser 90 % de ce qui roule, juste le temps d’un passage en mode Polestar.