L’augmentation continuelle du volume de ventes des SUV est-elle forcément contradictoire aux valeurs et idéaux écologiques portés par de nombreux états à travers le monde ? Vous avez deux heures.
C’est sur cette question qu’est en train de plancher le gouvernement genevois, notamment en réfléchissant à taxer les véhicules, non pas seulement en fonction de la puissance, mais également en fonction du poids. Quelques temps avant l’arrivée de l’épidémie du Coronavirus en Europe, le pays s’était lancé dans un débat à propos d’une refonte partielle de la fiscalité automobile. En raison des évènements actuels, ce débat est logiquement suspendu, mais devrait reprendre une fois l’épidémie maîtrisée.
Actuellement à Genève, le système fiscal relatif à l’automobile est basé uniquement sur la puissance, et est couplé à un bonus / malus qui est lui-même fonction des émissions de dioxyde de carbone. En Février dernier, le Touring Club Suisse (TCS) émettait l’idée d’un impôt qui ne prendrait en compte que les émissions de CO2, sans toutefois en dire plus. En parallèle, le Conseil d’Etat débattrait sur l’instauration d’un système incluant le poids des véhicules dans le calcul de la taxe. Ce changement a été confirmé par le Département des Infrastructures (DI) juste avant l’épidémie, précisant qu’il allait présenter prochainement le projet de révision au Conseil d’Etat. «Notre approche est plus large et, selon nous, plus rationnelle que celle du TCS, qui se focalise sur le CO2 et qui nécessiterait par ailleurs la coexistence de deux systèmes de taxation pour les anciens véhicules et les nouvelles immatriculations, ce qui n’est pas le cas du nôtre», précise un porte-parole du DI. (Source : Tribune de Genève).
Le Libéral-Radical Rolin Wavre, hélas décédé ce mois-ci, aurait souhaité prendre un autre facteur en compte. Pour lui, l’encombrement des véhicules devait également être indexé. Il affirmait que l’augmentation de la largeur moyenne des voitures, surtout avec les SUV et les véhicules tout-terrain, était problématique vis-à-vis des deux roues, notamment en trafic urbain. Cependant, un système de taxe centré sur la volumétrie des véhicules s’avère être irréalisable, compte tenu des données à collecter.
En Octobre dernier, l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) accusait les SUV d’être les deuxièmes plus gros coupables de la hausse des émissions de CO2 observée depuis 2010. Selon cette agence, le segment des SUV pourrait, d’ici 2040, nécessiter à lui seul deux millions de barils de pétrole quotidiens supplémentaires, si leurs ventes continuent d’augmenter. Si cette situation venait à devenir réalité, cela annulerait le bonus écologique d’environ 150 millions de voitures électriques, ce qui serait catastrophique. Rappelons tout de même que les SUV représentent à peu près la moitié des ventes de voitures aux Etats-Unis, contre environ un tiers en Europe, ce qui reste très conséquent.
La mise en place d’un système prenant en compte à la fois les rejets de CO2 et le poids des véhicules parait donc être une bonne idée, qui pourrait même contribuer à freiner l’expansion des SUV. Il faut néanmoins faire attention à ne pas appliquer la même sanction à un Urus qu’à un Model X, ce dernier étant largement alourdi par ces batteries et ayant une emprunte carbone bien plus faible. Ce nouveau système sera sans doute ajusté au fil du temps, et devrait remplir considérablement les poches de l’Etat Suisse, et de Genève, dont les habitants raffolent de grandes berlines de luxe, de SUV et de véhicules Tout-terrain, pas des poids plumes en somme.
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