Vous ne le savez peut-être pas, mais l’histoire de Ford est riche et composée… d’un moteur V10. Un bloc baptisé « Triton », inconnu en Europe, mais utilisé aux Etats-Unis et au Canada sur les utilitaires à partir du F250. Il servait également de ravitailleur sur les aéroports pour les avions. Mais ce moteur aurait bien eu besoin de son propre ravitailleur, vu la consommation.
Au début des années 90, le groupe Ford renouvelle une partie de ses motorisations avec la nouvelle famille de blocs modulaires V8. Le concept est simple : une seule ligne de fabrication, mais des possibilités de passer facilement d’une cylindrée à une autre… ou d’un nombre de cylindres à un autre. En effet, cette famille modulaire, baptisée « Triton » chez Ford, était conçue en deux variantes : V8 et… V10.
Un V10 Ford ?
Sans grande surprise, si l’on vous dit V10, vous allez nous répondre, au choix : Lamborghini, Porsche Carrera GT, Audi R8… Mais personne ne nous dira Ford. Pourtant, Ford est parti du V8 modulaire à simple arbre à cames en tête et lui a ajouté deux cylindres supplémentaires (à partir du moteur 5.4 atmosphérique). Un bloc qui se retrouva sur des « trucks » à vocation utilitaire, à partir de la famille des F250.
Concrètement, cela signifie que vous ne risquiez pas de trouver un V10 sur une voiture particulière Ford, ou sur un F150. La chose la plus folle, c’est que Ford a produit des « motorhomes » (camping-car) avec ce moteur. Imaginez un peu partir en vacances avec un « V10 Triton » plaqué sur les ailes. La grande classe.
Le problème d’un tel moteur, vous vous en doutez, réside dans la consommation. Les V10 Triton ne sont pas nécessairement chers en occasion, mais il faut tabler sur un 20 l/100 km, au minimum, en usage standard sur les motorhomes, qui développaient plus de 300 ch.
Ford avait également produit des trucks « heavy duty » dotés du V10 Triton pour des missions de ravitaillement dans les aéroports, avec une grosse citerne à la place de la benne. La situation était cocasse : un engin particulièrement gourmand, lui-même servant à ravitailler des avions par nature très gourmands en carburant. Le ravitailleur aurait presque nécessité son propre ravitailleur…
Pour finir sur les anecdotes, sachez que ce moteur (qui existait en version 2 et 3 soupapes par cylindre) avait été introduit sous le capot du Bluebird, le fameux bus scolaire jaune. Au programme : plus de 360 ch et 620 Nm de couple. Mais des passages à la pompe très, très fréquents.