A partir du 1er janvier 2020 entrera progressivement en vigueur la limite européenne de 95 g/km de CO2. Pour les constructeurs, il s’agira de vendre le plus possible de voiture électrifiée, et le moins possible de voiture gourmande… quitte à décourager volontairement les clients en concession ?
On ne va pas vous refaire toute l’histoire, mais voilà en résumé pour ceux qui débarquent de leur planète : à partir du 1er janvier 2020, les constructeurs devront respecter une moyenne de 95 g/km de CO2. Celle-ci sera calculée à partir des immatriculations réalisées par les marques, avec deux années « transitoires », où les véhicules électriques et faiblement émetteurs en CO2 compteront double, tandis que les 5 % d’immatriculations les plus polluantes ne seront pas comptées.
Mais pour certaines marques, ce passage à 95 g/km de CO2 s’annonce comme un gros défi. Pour Dacia, par exemple, la moyenne élevée actuelle (à plus de 125 g/km) fait évidemment frémir. Dacia se devra donc impérativement de lancer des voitures hybrides et électriques à très court terme pour inverser la tendance. Toutefois, il faut le rappeler et le souligner : proposer des voitures électrifiées, c’est bien, mais il faudra absolument qu’elles se vendent ! La moyenne de chaque constructeur ne sera pas calculée sur son catalogue, mais bien ses immatriculations…
Faut-il « orienter » le client ?
Pour les concessions, il se pourrait bien que l’avenir soit à l’orientation des clients. Explications : si une marque a tendance à trop vendre de voitures trop émettrices en CO2, elle pourrait être tentée de dire à ses concessions de demander aux commerciaux qu’ils « incitent » les clients à opter pour des modèles moins gourmands, voire hybrides ou électriques, afin d’inverser la tendance.
Nous avons questionné Suzuki sur le sujet. Notre interlocuteur nous a bien expliqué qu’aucune consigne de ce genre n’était en vigueur aujourd’hui en France. Pourquoi Suzuki ? Tout simplement parce que c’est l’exemple parfait. La marque dispose d’une gamme microhybride sur certains modèles, mais de l’autre côté du catalogue, on retrouve un Suzuki Jimny à 170 g/km de CO2 qui, « malheureusement », est plutôt populaire. Pas bon pour la balance « CO2 » de Suzuki, donc.
« Suzuki proposera au cours de l’année 2020 l’ensemble de sa gamme en hybride (hors Jimny). Le Vitara, le S-Cross et la Swift Sport seront équipés d’une batterie de 48 V en début d’année sur les boites mécaniques. La version hybride des SUV couplé à une BVA arrivera plus tard dans l’année. Concernant la Swift et l’Ignis, déjà disponible en hybride avec une BVM, elles seront également disponible courant de l’année couplé avec un BVA« , nous a expliqué Suzuki.
Les sportives et les voitures « gourmandes » sur la sellette
Même si aucune marque à l’heure actuelle ne pratique cette politique de « détourner » le client des voitures à haut grammage de CO2, il n’empêche que l’inverse est possible : tout miser, en matière de marketing et de publicité, sur les voitures électriques et hybrides, et ne pas essayer de faire la promotion des autres autos, qui perdront un peu plus de visibilité (alors qu’elles n’en avaient déjà plus beaucoup, la faute au malus et au contexte économique/écologique).
Finalement, l’éviction des voitures à moteur thermique (essence, surtout) est programmé et semble inévitable. Toutes les planètes semblent s’aligner pour que ces autos disparaissent, alors qu’elles représentent, pourtant, une rentrée non négligeable de TVA et taxes en tout genre pour l’Etat et de rentabilité pour les constructeurs, qui font les plus grosses marges sur ces véhicules. C’est bien simple : Renault gagne nettement plus d’argent en vendant une Mégane R.S, une Talisman ou un Koleos qu’une Clio ou une Twingo.