Vous n’avez probablement jamais croisé de BMM M3 F80. Et pour cause, les ventes de la M4 ont surclassé celles de la berline, notamment sur certains marchés. Mais pourquoi ce désamour pour cette génération de M3 ? On fait le tour de la question.
Toutes les précédentes générations de BMW M3 ont été populaires. Même si la M3 E92 n’a pas été la plus en vogue, elle est malgré tout nettement plus appréciée que l’actuelle, qui n’est plus vendue depuis 2018. Pourquoi ce semblant de désamour apparent ? Il pourrait y avoir tout un tas de raisons, mais certaines sont malgré tout assez difficiles à comprendre. Dressons un bilan de la carrière d’une auto discrète et décriée par la communauté BMW.
Un ratio de vente en faveur de la M4
Pour illustrer à quel point la M3 F80 est peu appréciée (par rapport aux anciennes générations, entendons-nous), voici un chiffre intéressant : aux Etats-Unis, marché important pour BMW Motorsport, il s’est vendu en moyenne une M3 F80 pour… huit M4.
Un ratio assez incroyable et difficile à expliquer. L’une des pistes pourrait être la carrosserie : la M4 est ce que la M3 était auparavant, une trois portes, quand la M3 est devenue exclusivement une quatre portes. BMW avait déjoué ça sur l’ancienne version en appelant toute la gamme « M3 », mais en différenciant les modèles (M3 berline, M3 Coupé, M3 cabriolet). Cette fois, c’est la M4 qui joue le rôle du coupé. Et forcément, le profil de la M3 change puisque c’est devenu une berline à trois volumes. Voilà une première explication plausible.
La concurrence
En face de la M3 F80, deux autos : une Mercedes C63 AMG et l’Audi RS4, exclusivement vendue en break. Et le souci de la M3, notamment face à la C63, a pu être son prix. Il fallait compter au minimum 86 500 € pour un modèle de 431 ch en six cylindres et boîte manuelle en 2018 quand, en face, vous aviez pour 2000 € de plus une C63 AMG à moteur V8 de 476 ch à boîte automatique. La comparaison est rude pour la Bavaroise. Et que dire de la version CS de la M3 : 113 600 € !
BMW aurait pu jouer sur l’argument de la présence d’une boîte manuelle, mais il est prouvé que la clientèle du segment désire de plus en plus des boîtes automatiques. Une large partie des acheteurs souhaitent donc la transmission automatique… et les quatre roues motrices, quitte à devoir développer un mode électronique spécifique » propulsion ». Qui peut le plus, peut le moins.
Citons enfin un autre problème de rivalité… interne : la M2 a fait du mal à la M3 ! La clientèle ne s’y est pas trompée, la vraie descendante spirituelle des anciennes M3 est la M2 : coupé, six cylindres, moins chère à l’achat, moins chère à l’entretien, mais pas forcément moins performante qu’une M3 F80. Cela fait beaucoup d’arguments pour la M2 qui jouit d’une forte popularité aujourd’hui.
Fiabilité ?
BMW a stoppé la commercialisation de la M3 F80. En cause : le problème de la mise à jour du bloc S55 face à la nouvelle norme Euro 6d. Trop coûteux pour BMW, et inintéressant alors que se profilait déjà les premiers prototypes de la nouvelle M3 (que nous allons découvrir cette année). La carrière de la M3 F80 a donc été « courte ».
Contrairement à d’autres générations (M3 E90/92, notamment), le bloc six cylindres en ligne est robuste et ne présente pas spécifiquement de problèmes de coussinets de bielles. Globalement, le bilan est bon même si le S55 peut présenter un problème d’usure prématurée du moyeu de vilebrequin qui entraîne une casse. L’autre gros défaut est le fait que l’unité électronique Bosch enregistre de faux codes d’erreur, notamment au niveau des Vanos, entraînant une mise en sécurité du moteur. Il suffit en général d’une reprogrammation pour solutionner le problème. (Source).
La M3 F80 est une auto finalement fiable et sans grave problème (hormis le moyeu de vilebrequin), contrairement à d’anciennes M3, plus fragiles. Un comble, donc, pour une voiture qui a moins plu que ses devancières. C’est en tout cas ce qui ressort d’une partie de la communauté BMW…