La 90e édition du salon de Genève aurait dû ouvrir ses portes du 5 au 15 mars 2020 mais le coronavirus en a décidé autrement. Les autorités sanitaires suisses avaient, et ont toujours, la responsabilité de forcer l’annulation de tous les événements publics et privés de plus de 1000 personnes. Cela représente non seulement d’importantes pertes pour la ville de Genève, mais surtout pour l’industrie automobile et ses constructeurs.
Les géants de l’automobile initialement prévus tels que Audi, BMW, Mercedes-Benz, Porsche, Volkswagen ou encore Renault ont les reins suffisamment solides pour encaisser cette perte de visibilité. Toutefois, on ne peut pas en dire autant pour les marques ultra-spécialisées telles que Koenigsegg, Pagani et Rimac dont ce type d’événement est souvent le seul contact qu’ils ont avec le grand public. Derrière leur gamme d’hypercars se cache souvent une fragilité financière « pilotée au centime près ».
Ensuite, cette annulation va malheureusement renforcer la tendance actuelle qui tend les marques à ne plus se rendre sur les salons internationaux. Coronavirus ou pas, ce sont plus de 10 constructeurs majeurs qui ne comptaient pas se rendre au salon de Genève 2020 (Ford, Volvo, Nissan, Peugeot, Citroën, Opel, Subaru, Tesla, etc.). Ces grands absents prévoient notamment de présenter leurs nouveautés plus tard dans l’année par le biais d’événements privés retransmis en live. En plus de ne pas partager le feu des projecteurs avec d’autres constructeurs, cela permettra à ces derniers de pleinement mesurer la portée de ces nouvelles méthodes de présentation, et de réévaluer de l’intérêt ou non de dépenser des millions d’euros pour se rendre sur des salons automobiles internationaux.
Après tout, les consommateurs passent la majorité de leur temps sur internet pour tout savoir d’une voiture. L’évolution exponentielle des plateformes de streaming et des réseaux sociaux ne font qu’accentuer ce phénomène. Aujourd’hui, on se rend en concession presque uniquement pour essayer/acheter son véhicule. Là où un consommateur standard se rendait 4 fois en concession avant d’acheter son véhicule en 2010, il ne venait plus de 1,3 fois en 2019.
Enfin, vient la conséquence la plus dramatique : l’argent. Les participants ayant dépensé d’importantes sommes liées au transport, au staff mais surtout à leur emplacement ne seront pas remboursés. Pourquoi ? Car ce sont les autorités sanitaires suisses qui ont annulé l’événement, pas l’organisateur du salon de Genève.