La voiture électrique prend de plus en plus de place sur le marché auto. Les constructeurs eux-mêmes opèrent une transition énergétique qui se traduit par plus de véhicules électrifiés dans leur gamme. Mais est-ce la bonne solution de mobilité ?
Avec plus de 31 000 immatriculations en 2018, dont 4 500 uniquement en décembre, le marché de la voiture électrique a fait un bond de 25% par rapport à l’année précédente. Cette tendance ne fera qu’augmenter au fur et à mesure des années, et au fil des sorties constructeurs, qui se font de plus en plus importantes.
Mais comme les voitures thermiques, elles ne sont pas sans désavantages. Voici les plus (avantages) et les moins (inconvénients) de la voiture électrique :
Avantages d’une voiture électrique
Moins nocive pour l’environnement
Prendre le volant d’une voiture électrique c’est émettre 0 gramme de CO2 dans l’air, ou presque. En effet, tout le processus de développement (raffinage des matières premières), de production (usines et robots nécessaires) et recyclage (quasi-inexistant) a tout de même un point pour mère nature. Or, sans vous sortir une étude très pointue sur le sujet, permettez-nous de vous assurer qu’au delà de 30 000 km d’usage, une voiture électrique est moins nocive qu’une voiture thermique (même en prenant en compte qu’aujourd’hui les batteries qui ne sont pas recyclées « proprement »).
Amélioration de votre santé
Qui dit voiture électrique, dit beaucoup moins de pollution dans les zones habitées, et plus particulièrement dans les grandes villes. Tout ce CO2 en moins conduira la population locale à moins souffrir de maladies liées aux gaz d’échappement…
Réduction de l’usure moteur
On n’y pense pas systématiquement, mais une voiture électrique « n’a besoin que de ses batteries » pour entraîner ses roues. Un moteur thermique pour sa part est composé de plusieurs éléments mécaniques dépendant les uns des autres (bougies, filtres, pompes, valves, pistons, vilebrequin, arbre à cames, etc.), ce qui augmente grandement ses chances de problèmes et dysfonctionnements.
Idéale pour un usage urbain
Pour les citadins ou personnes ayant à faire moins de 200-300 km (aller/retour) pour se rendre sur leur lieu de travail, la voiture électrique est parfaite. Même sans parler d’aller au travail, des déplacements de courtes/moyennes distances peuvent être effectués sans problème. Aujourd’hui, on observe une floraison accrue de bornes de rechargement dans des commerces locaux (magasins de bricolage ou d’ameublement suédois, grandes surfaces, etc.).
Economies de carburant
L’argument stipulant qu’une voiture électrique coûte beaucoup plus qu’une voiture thermique est quasiment mort. Aujourd’hui, pour le prix d’une Renault Clio bien équipée (20 000 €) vous pouvez mettre la main sur une voiture électrique neuve (Renault Zoé, etc.) si vous savez guetter les bonnes affaires. Même si l’électricité n’est pas gratuite, votre coût de revient au kilomètre en électrique et bien supérieur à l’essence/diesel, et cela sera encore plus vrai dans les années à venir.
Confort de conduite
L’un des avantages sous-cotés de la voiture électrique est son confort de conduite. Avec un couple instantané, ne craignez plus les dépassements ou les montées un peu trop abruptes. Bien sûr, avoir la pédale enfoncée au maximum H-24 aura un impact sur votre autonomie, mais son accélération offre du confort et parfois même du plaisir. De plus, sur celles équipées d’un système de freinage régénératif, vous récupérez de la charge en freinant. Mieux encore, (presque) plus besoin de freiner dans certaines situations, puisque ce mode de freinage le fera pour vous. Et c’est, du coup, une économie de plaquettes/disques de frein, et des particules fines en moins dans l’atmosphère.
Rangements
La plupart des autos électriques disposent de batteries directement placées sous le plancher, ne faisant qu’un avec le châssis. Cela permet ainsi de garder autant de place dans le coffre qu’une voiture thermique, et parfois également à l’avant, conséquence directe de l’absence d’un moteur thermique. Oui, peut-être qu’un jour on parlera de « coffre avant » et de « coffre arrière » (c’est déjà un peu le cas chez Tesla !).
Désavantages d’une voiture électrique
Infrastructures
Ce sujet passe avant même l’autonomie. L’un des plus gros problèmes de la voiture électrique est la possibilité de la charger quand on le souhaite. Avec les volumes que l’on connaît, aujourd’hui cela ne pause pas de problème, mais imaginez un instant qu’un tiers de la population décide de se brancher en rentrant du boulot sur la tranche horaire 18h00-20h00. Autant vous dire que d’un coup la France ne sera plus visible de nuit depuis la Station spatiale internationale, bonne nuit les petits !
La solution, qui n’est pas si compliquée, soulève toutefois plusieurs questions importantes. Qui payera pour le développement massif du réseau électrique (nous) ? L’électricité sera t-elle toujours produite de façon écologique (pas certain) ? Savons-nous garantir la robustesse de cette technologie pour un usage quotidien et pendant au moins 10 ans sans avoir à changer sa voiture électrique (pas encore) ?
Fermons ce sous-chapitre avec une dernière observation. Si vous résidez en ville, il y a de fortes chances que vous ayez un appartement, et rare sont les immeubles équipés de prises spéciales (en sous-terrain ou parking en plein air). De plus, tout le monde n’a pas la chance de travailler dans une entreprise dotée d’un parking aménagé pour les voitures électriques (= avec des prises). Donc si vous résidez dans un vieil immeuble et travaillez dans un petit commerce, vous avez perdu d’avance…
Sensible au climat et à la conduite
Tout le monde sait que l’autonomie affichée sur la brochure, même s’il est WLTP, n’est pas la réalité. Ici, ne n’allons pas parler de son autonomie globale (rendez-vous au paragraphe suivant), mais de ses performances selon la couleur du ciel. A moins de rouler à 50 km/h, sur une route très plate, en été, avec une conduite souple et sans s’arrêter, vous ferez bien les 300 km (WLTP) annoncés par Renault (mais valable chez les autres constructeurs), voire plus. Toutefois, prenez l’autoroute et vos 300 km seront compromis. Pire, il vous suffit d’être en hiver pour que vos batteries perdent en charge, comme l’annonce en toute transparence Renault sur leur site, en affichant la mention « en moyenne, la batterie Z.E.40 offre une autonomie maximale de 300 km en été et de 200 km en hiver ».
Autonomie globale encore trop faible
Même la plus « puissante » des Tesla, la Model S 100D, ne vous permettra de rouler que 400-450 km en conditions réelles (et cela en été). Mais il ne faut pas se voiler la face, 95% des rouleurs possédant une voiture électrique n’ont acheté un modèle premium. Ainsi, notre analyse se base sur les 300 km annoncés par les Zoé, Leaf, etc. 300 km aujourd’hui c’est rien. Si le débat est légitime pour un usage uniquement en ville, vous pouvez oublier les longs trajets, et encore plus les vacances. A 130 km/h sur l’autoroute en été, vous devrez vous arrêtez 1h30 toutes les 2h00 pour recharger 80% de vos batteries. Vous parlez d’un enfer !
Temps de rechargement
C’est vrai, si encore ce dernier était très rapide la faible autonomie ne serait pas si grave au fond. D’après une étude, un vacancier s’arrête en moyenne 13 minutes pour faire son plein, du moment où il rentre sur l’air de repos jusqu’à ce qui la quitte. Malheureusement aujourd’hui, comptez 1h30 pour recharger (à 80%) votre voiture électrique, ou au mieux 45 min (toujours à 80%) si vous avez une Model S ou un Model X et que l’aire de repos propose des super-chargeurs Tesla.
Pas si abordable à l’achat
C’est un choix à faire. Si vous voulez ne pas trop vous ruiner pour votre première voiture électrique, et ainsi concurrencer le prix d’une thermique à segment égal, alors il faudra vous diriger vers des véhicules entrée de gamme (Zoé, Leaf, etc.). Toutefois, il faudra accepter le fait qu’elle aura moins d’autonomie, sera moins confortable ou mettra plus de temps à se recharger qu’une premium.
Il vous reste donc le premium avec Tesla ou divers allemandes électriques en approche, mais le prix s’envolera très rapidement. Enfin, n’oublions pas sa valeur en occasion. Si vous décidez de vous en séparer, sachez qu’une voiture électrique n’a pas la cote, sans mauvais jeu de mot. A moins que cette dernière soit une Tesla, personne ne vous en offrira un très bon prix. Preuve à l’appui, avec la prime à la conversion de l’état de 4000€ sur une voiture électrique, vous pouvez facilement mettre la main sur une Renault Zoé affichant 20 000 km pour 5 000 € (prime déduite).
Pour clore cette analyse déjà trop longue, retenons ceci : la voiture électrique ne cesse d’évoluer et deviendra de plus en plus intéressante au fil des années. Toutefois aujourd’hui, la voiture électrique reste un choix intéressant SEULEMENT dans certains faibles cas (exemple : usage urbain dans une région chaude avec une prise sur son lieu de travail ou chez soi).