La production automobile peut parfois sembler un peu ennuyeuse et répétitive. Il faut dire que quand on regarde les gammes Volkswagen, Renault ou Opel, il n’y a pas grand-chose qui dépasse. Mises à part quelques sorties enthousiasmantes de temps en temps, la plupart de leurs modèles sont tout ce qu’il y a de plus commun. Mais le milieu de l’automobile a souvent su faire preuve de créativité et d’ingéniosité, en proposant quelques voitures insolites qui sortent du lot, et qui éveillent la curiosité.
DS Mille-Pattes
Qui ne connait pas la mythique Citroën DS, voiture Française emblématique qui a même eu l’honneur de transporter des Présidents de la République. Adorée par de nombreuses personnes, la DS a souvent été qualifiée de pionnière dans de nombreux domaines, comme les suspensions par exemple. C’est d’ailleurs une Citroën DS que Michelin a choisie pour procéder à des tests de pneumatiques destinés à des camions. Pour ce faire, rien de plus simple : la voiture a été coupée en deux, puis allongé. Résultat, cette DS particulière est aussi longue qu’une limousine, et repose sur 11 roues, dont une placée au centre, sous le véhicule. La DS Mille-Pattes, ou DS PLR (Poids Lourd Rapide) était née, reconnaissable entre mille grâce à sa peinture orange et son gabarit hors norme. Pesant plus de 9 tonnes, elle était équipée de deux V8 d’origine Chevrolet, pour une puissance totale de 250 chevaux. Tout cela lui permettait d’atteindre une vitesse de pointe fulgurante de 180 km/h, bien assez dans le cadre des tests pour les camions. Produite à un seul et unique exemplaire, elle est visible au musée de l’Aventure Michelin à Clermont-Ferrand, où elle est exposée.
Renault Espace F1
Renault est une marque connue pour avoir souvent brillé en sport automobile, notamment en Formule 1. Mais les années 80 voient aussi l’arrivée de l’Espace, un monospace qui deviendra un véritable carton pendant de nombreuses années. Pour fêter les dix ans de commercialisation de ce modèle, Renault a eu une idée complètement dingue, et s’est associée à Matra pour créer l’Espace F1. Il est présenté au Mondial de l’auto de Paris en 1994, et ne sera produit qu’à deux exemplaires. Visuellement, l’Espace F1 semble venir tout droit d’une autre planète, avec sa livrée jaune et noire, son kit carrosserie en fibre de carbone et son énorme aileron. A l’intérieur, oubliez toute forme de praticité ou de confort, Renault a placé quatre sièges baquet avec des harnais trois points. L’habitacle est dépouillé, on sent tout de suite que la marque a tout fait pour alléger la voiture, qui repose d’ailleurs sur un châssis en carbone. Mais l’Espace F1 ne serait pas aussi mythique sans son moteur, qui n’est autre que le même que celui qui équipait la Williams engagée en Formule 1 en 1993. On a donc un V10 atmosphérique de 3,5L développant 780 chevaux, couplé à la boite de vitesse Williams TG3 semi-automatique à six rapports. Cela permet à l’engin d’atteindre plus de 300 km/h en vitesse de pointe, et de passer de 0 à 200 km/h en seulement 6,9 secondes. Pour rappel, la Ferrari 296 GTB, présentée la semaine dernière, peut réaliser le même exercice en 7,3 secondes. On pose ça là…
Mercedes G63 AMG 6X6
Il n’y a pas si longtemps que ça, le plus gros modèle de la gamme Mercedes était le Classe G, un 4X4 iconique au style très vintage. Souvent restylé, le Classe G avait même régulièrement droit à des petits passages chez Brabus, d’où il ressortait avec de nouveaux kits carrosserie plus démonstratifs et quelques chevaux supplémentaires. Et puis un beau jour, en 2013, Mercedes a craqué et nous a pondu le G63 AMG 6X6. Conçue sur la base du G63 « classique », cette version 6X6 ajoutait une paire de roues, de nouveaux réglages de suspension spécifiques ainsi qu’une benne à l’arrière. Le moteur n’avait pas grand-chose d’extraordinaire, du moins en comparaison d’un G63 normal. Il s’agissait du V8 biturbo de 5,5L de cylindrée, produisant 544 chevaux. Seules 100 unités ont été vendues, pour environ 450 000€ à l’époque. Sa rareté, son inutilité, et son côté « m’as-tu vu » ont largement contribué à son succès dans des régions du monde comme Dubaï ou Miami. Même avec 100 exemplaires, il peut arriver d’apprendre qu’un G63 AMG 6X6 a changé de main. C’était notamment le cas en début d’année, quand un exemplaire s’est vendu pour la bagatelle de 872 000€. Par ailleurs, Mercedes est assez coutumier des 4×4 démesurés, notamment avec l’appellation 4X4². Le dernier en date est électrique, l’EQC 4X4².
Chrysler Turbine
A une époque où les V8 connaissaient leur âge d’or, Chrysler a pris tout le monde de cours en présentant la Turbine, en 1963. Le nom n’a pas été choisi au hasard, puisque la voiture était motorisée par… une turbine à gaz. Voilà qui n’est déjà pas commun, mais la Turbine avait également la particularité de pouvoir fonctionner aussi bien au gaz qu’à l’essence, au diesel, et même à l’alcool. Plutôt pratique sur le papier. Sa fiche technique indiquait une puissance officielle de 130 chevaux, une vitesse maximale de 193 km/h, et surtout une zone rouge perchée à 60 000 tr/min ! Et même si tout ça peut laisser présager de belles performances, il n’y a rien de moins vrai. Il fallait 12 secondes à la Turbine pour passer de 0 à 100 km/h, autant dire une éternité, même pour l’époque. Vous avez sans doute déjà entendu parler de cette voiture, mais rare sont ceux qui ont pu en apercevoir en vrai. Chrysler n’en a produit que 55, toutes prêtées à des volontaires pour être testées. En 1964, la marque reconnait son échec et rappelle tous les exemplaires, afin de les détruire. Le nombre exact de Turbine ayant survécu est aujourd’hui assez flou, mais il en resterait 9, toutes dispersées entre musées et collections privées.
Amphicar Model 770
L’automobile et le monde maritime s’entremêlent régulièrement. Rolls-Royce a l’habitude de donner des airs de bateaux à ses plus beaux modèles, mais on parle là de voitures à plusieurs millions d’euros, comme la toute récente Boat Tail. Mais il fut un temps où bateau et voiture ne faisaient qu’un. Pas tous les bateaux, pas toutes les voitures, non. Une seule, baptisée l’Amphicar Model 770. Produite à un peu moins de 4000 unités entre 1960 et 1965, cette voiture permettait à son propriétaire de pouvoir partir de chez lui pour aller naviguer, et ce sans jamais changer de véhicule. Attention tout de même, on parle ici d’une voiture amphibie capable de naviguer en eaux douces ou sur les littoraux. Il n’est pas question d’entreprendre une traversée de la Manche à son bord, à moins que vous ne soyez très (trop ?) téméraire. Elle dispose d’un petit bloc de 1147 cm3 placé à l’arrière, et développant 45 chevaux. La Model 770 est donc une pure propulsion. Le moteur peut entraîner au choix les roues ou les hélices, selon le mode d’utilisation choisi. Les modes terre et eau sont sélectionnables grâce à un levier dédié. Bien entendu, le fait que cette voiture puisse s’aventurer sur l’eau implique qu’elle doive respecter le code de la route ainsi que le code de navigation. C’est pourquoi elle est équipée de feux de navigation ainsi que d’un petit mât escamotable, pour pouvoir y accrocher un pavillon.
BMW Isetta
Aller, on s’en fait une petite dernière. Elle ne grimpe pas aux arbres, elle n’a que quatre roues, elle n’a pas de moteur extraordinaire, mais elle a sans aucun doute la meilleure bouille de toutes celles citées plus haut. La BMW Isetta a été vendue entre 1955 et 1962. L’Isetta est en réalité un modèle crée par la marque Italienne Iso Rivolta, et qui sera par la suite exploité et vendu sous le nom de différents constructeurs comme Velam, ou encore BMW. A sa présentation, les spécialistes la qualifient de moto carrossée, tant elle est petite. La BMW Isetta était équipée d’un moteur 4 temps, un monocylindre de moto refroidi par une turbine. Les chiffres donnent le tournis, vous devriez vous asseoir : une puissance extraordinaire de 12 chevaux, et une vitesse de pointe de 80 km/h. Dans la deuxième partie de sa carrière, l’Isetta sera proposée avec un moteur de 300 cm3 par BMW, et sera baptisée Isetta 300. Outre sa petite taille, cette voiture dispose de pas mal de particularités, à commencer par le système d’ouverture de la portière. L’accès à bord se fait par le devant de l’Isetta : la porte s’ouvre, un peu comme un frigo. Pour des raisons pratiques, le volant se replie pour laisser le conducteur monter.
Voilà donc une liste non-exhaustive de voitures insolites. Elles sont la preuve que les constructeurs peuvent se montrer créatifs, et sortir des sentiers battus. Même une marque comme Volkswagen, pourtant pas réputée pour son audace, a déjà présenté des voitures atypiques. Souvenez-vous de la Polo Arlequin (on a dit atypique, pas belle), ou encore tout récemment l’I.D Buzz, réinterprétation électrique du mythique Combi ! Et il existe bien d’autres voitures qui sortent de l’ordinaire, qui ont marqué leur époque par leur originalité, mais elle sont bien trop nombreuses pour tenir dans un seul article.