Basée sur la 3ème génération de la citadine Ford, la Fiesta RS Turbo arrive assez tardivement sur un segment de niche sur lequel les Peugeot 205 1.9 GTI, Renault Super 5 GT Turbo et Volkswagen Golf 2 GTI ont déjà eu le temps de faire leurs preuves.
La Ford Fiesta RS Turbo sort en 1990 avec tous les arguments pour séduire. Elle dispose du pack esthétique complet pour plaire une clientèle jeune et dispose d’une base moteur (bloc 1.6) qui a déjà fait ses preuves pour sa fiabilité et ses performances. La présentation qui en est faite par Ford, son niveau d’équipement et son prix compétitif se chargent du reste pour sublimer la brochure. Un succès facile à l’horizon ?
Look
A l’extérieur, Ford a coché toutes les cases pour satisfaire les goûts des fans auto de l’époque. Boucliers larges, deux paires antibrouillard, jantes en alliage et pneus tailles basses, élargisseurs d’ailes, jupes latérales, grosse sortie d’échappement, petit becquet et grilles d’extracteurs d’air sur le capot, le compte y est !
A l’intérieur, la qualité perçue des matériaux est supérieure à ses concurrentes françaises et allemandes (une première!). Mention spéciale à ses sièges semi-baquets Recaro recouverts de velours. Sinon, on retrouve un habitacle généreux en équipement (vitres teintées à commande électriques, rétros réglables de l’intérieur, fermeture centralisée, toit ouvrant en option, etc.). En revanche, gros bémol sur son volant, son pommeau de vitesses et surtout son instrumentation dénuée de manomètres. Ces éléments ne véhiculent pas assez son caractère sportif et pourraient très bien figurer sur une variante classique du véhicule. Faute de temps ?
Moteur
Qui dit retard, dit adaptation. Pour gagner du temps et partir sur une valeur sûre, Ford opte pour le bloc 1.6 déjà connu sur la XR2i et l’Escort RS Turbo, mais l’associe à une injection électronique et un turbo Garrett T02 avec échangeur (versus Garrett T03 sur l’Escort RS Turbo). Le moteur développe 133 chevaux et 177 Nm de couple. Le choix s’avère gagnant avec un moteur souple et performant sur un poids plume comme la Fiesta RS Turbo.
Mais l’atout majeur du moteur est sa reprise. Son couple disponible à mi-régime fait des merveilles sans jamais subir, ou presque, de turbo lag. On croirait presque être au volant d’une voiture au moteur atmosphérique par moment. Notons aussi la présence d’une boîte de vitesses manuelle courte. La sportive sera tellement excitée à l’idée de courser ses concurrentes que sur les premiers rapports votre Fiesta RS Turbo se surprendra à patiner.
Résultat, ses performances sur le papier, et en ligne droite, sont similaires à ses concurrentes. La Fiesta RS Turbo met 8,2 secondes pour atteindre les 100 km/h, tout comme la 205 1.9 GTI (130 ch), la Super 5 GT Turbo (120 ch) et la Golf 2 GTI 16S (139 ch) à plus ou moins quelques dixièmes près. Sur l’exercice du 1000 m en départ arrêté, là aussi, la Ford excelle et est devant ses rivales, mais c’est dans les virages que tout se gâte…
Au volant de la Ford Fiesta RS turbo
Aimez-vous la vie ? Oui ? Sortez de la voiture alors… J’aime Ford, mais parfois, il faut « remettre l’Eglise au centre du village ». Son train avant est probablement le pire de sa catégorie sur le segment des petites GTI (à son époque), avec un comportement routier manquant cruellement d’efficacité.
La Fiesta XR2i, sortie avant la Fiesta RS Turbo et avec qui elle partage le même châssis, nous avait déjà donné des signes avant-coureurs. Même si le train avant évolue un peu en variante RS Turbo (géométrie du train AV, suspension arrière affermie, barre anti-roulis de 16 mm, etc), il ne fait pas des miracles. Ce dernier aura même du mal à exploiter la cavalerie qui sort du bloc 1.6, et qui n’est pas aidé par une monte pneumatique sous-dimensionnée. Privée du différentiel autobloquant dont bénéficiait l’Escort Turbo, la petite Fiesta aura tendance à tirer tout droit dans les virages pour les néophytes. Même les « pilotes » auront du mal à la dompter et tenir le volant tellement la direction se raffermit dans les virages. Réinscrivez-vous à la salle de sport.
Plusieurs propriétaires sauveront les meubles avec des jantes d’Escort RS Turbo, l’ajout de silentblocs, d’une barre anti-rapprochement ou encore d’une suspension encore plus ferme. Vous le remarquerez sur les forums, tous les passionnés qui combattent les détracteurs vous parleront même d’une voiture « bouffeuse » de Subaru GT, de BMW M3 e36 ou de Mégane 2 RS sur circuit ou routes de campagne, mais au prix de plusieurs centaines d’euros investis sur le châssis et sous le capot. C’est là le constat de cette Fiesta RS Turbo. De série, elle semble inachevée et aurait bien eu besoin d’un peu plus d’attention de Ford pour la rendre intouchable sur son segment. Son freinage à disques ventilés à l’avant fait le job en étant suffisamment mordant pour un usage quotidien ou semi-sportif.
Bilan
Avec autant de qualités (moteur) que de défauts (comportement routier), on comprend mieux pourquoi la Fiesta RS Turbo divise. Certains la bouderont pour son statut de produit non fini. D’autres en tomberont amoureux pour ses imperfections et son potentiel inexploité. Bref, cette sportive c’est du sport, du vrai. Mais pas dans la quiétude la plus complète.
Bien que rare sur le marché de l’occasion, ses quelques défauts sont gommés par une cote qui n’est trop élevée, mais encore trop proche de ses concurrentes. La Fiesta RS Turbo est affichée aux alentours des 8000€, à plus ou moins 2000€ selon son kilométrage et son état.