La Porsche 944 est introduite en 1981 pour essuyez les plâtres d’une 924, introduite en 1976 sur le marché européen, et qui crie « Audi » depuis bien trop longtemps. Sur la base moteur de la 928 V8, la 944 est même destinée, au départ, à remplacer la gamme 911. La stratégie Porsche en décidera autrement, préférant garder une largeur de gamme composée de modèles moins élitistes, les fameuses PMA dont les 924, 928 et 944 font parties. La 944 aura elle aussi le droit à une version turbo : la 944 Turbo.
La 944 est le fruit d’un mélange entre plusieurs modèles. Fort de constaté que le grand public n’apprécie pas réellement la 924, dont le moteur n’est même pas signé Porsche, la firme allemande va lancer un nouveau modèle en 1981. La 944 garde son 4 cylindres, mais se voit offrir un nouveau bloc Porsche, soit un demi-V8 de 928, littéralement. Mais pour en pas renier ses origines, la gamme 944 reprend les lignes de la 924. Vous suivez ?
En 1985, Porsche dévoile la 944 Turbo. Elle se démarque esthétiquement par un nouveau bouclier avant avec un spoiler chargé comportant deux fentes dont l’objectif est d’alimenter l’échangeur en air. Elle reçoit de nouvelles jantes en alliage en 16 pouces, montées en 205/55 R16 à l’avant et 255/50 R16 à l’arrière. A l’intérieur, on découvre une blanche de bord inédite. Les finitions et les matériaux utilisés sont de bonnes qualités. Gros bémol sur ses « fausses » places à l’arrière et la position de son volant (sans réglages possibles) qui est bien trop basse.
De 1985 à 1988, ce sont 19 870 exemplaires qui ont trouvé un propriétaire. D’autres variantes sportives ont également été produites, mais sur de plus petites séries comme la 944 turbo S (1635 exemplaires), la 944 Turbo 250 ch (4989 exemplaires) ou encore la 944 turbo Cabriolet (528 exemplaires).
Moteur
Sous son capot, Porsche garde le même 2.5 de 2479 cm3 de cylindrée que la 944 « classique ». Contrairement à la 924 qui utilise un bloc d’origine Audi, la 944 peut se payer le luxe de crier haut et fort que la mécanique est 100% maison. Le constructeur allemand vient ainsi greffer un turbo K26/6 signé « Kühnle, Kopp et Kausch » (KKK) pour gagner quelques chevaux et Nm de couple.
Néanmoins, quelques ajustements doivent être fait pour accueillir ce nouvel organe. La gestion électronique Bosch Motronic est équipée d’un deuxième boîtier qui pilote la wastegate du turbo. Dans le moteur en lui-même, les soupapes d’admission sont spécifiques à la 944 turbo, et les soupapes d’échappement ont des tiges remplies au sodium pour limiter leur échauffement. Les conduits d’échappement de la culasse reçoivent un revêtement en céramique et les pistons en aluminium sont troqués par des pistons forgés. Notez que toutes ses modifications ajoute 6kg au poids du moteur par rapport à sa version atmosphérique. Logique.
Résultat, la Porsche 944 Turbo développe maintenant 220 ch (au lieu des 163 ch de l’atmo). Outre le gain de puissance, c’est la courbe du couple qui réinvente l’allemande, avec 330 Nm de couple disponible dès 3500 tr/min. Couplé à une boîte de vitesses à 5 rapports, elle arrive à devancer l’une de ses concurrentes principales, l’Alpine GTA V6 Turbo, en expédiant le 0 à 100 km/h en 6,7 secondes. La Vmax est de 245 km/h. Cette même boîte, dont les rapports sont plus long que sa rivale française, offre plus de souplesse au moteur de la 944 Turbo, tout en effaçant quasiment le « coup de pied au cul » propre aux sportives dotées d’un turbocompresseur. Selon votre conduite, cela peut être un inconvénient.
Petit bémol, la 944 Turbo reste un 4 cylindres. Ainsi, la sonorité dégagé par le moteur n’est pas aussi enivrant qu’un flat-6 de 911.
Fiche technique synthétique de la Porsche 944 Turbo
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 8 soupapes
- Alimentation : injection électronique Bosch Motronoic + Turbocompresseur KKK K26/6
- Transmission : arrière
- Puissance : 220 ch à 5800 tr/min
- Couple : 330 Nm de couple à 3500 tr/mn
- 0 à 100 km/h : 6,7 secondes
- Boîte de vitesses : 5 rapports (manuelle)
- Poids : 1350 kg
- Vmax : 245 km/h
Au volant de la Porsche 944 Turbo
Comme sur les 928 et 924, Porsche à continué à user de la même recette dédiée à ses sportives dont le moteur se situe à l’avant. Toutefois, avec une boîte de vitesses située derrière, la répartition des masses est maintenant presque optimale. On a toujours à faire à une suspension à quatre roues indépendantes par ressorts hélicoïdaux et barres de torsion transversales à l’arrière. Toutefois, la 944 turbo reçoit des barres stabilisatrices et ses bras de suspension en acier sont remplacés par de l’aluminium fondu, à l’arrière comme à l’avant. Notons l’évolution appréciable de ses freins, composés d’étriers fixes à quatre pistons en alliage d’aluminium.
Derrière le volant, on retrouve un comportement routier sein avec une 944 Turbo qui donne l’impression d’être facile à conduire, est qui l’est. La direction à crémaillère est précise, grâce notamment à son assistance hydraulique (de série). Cette sportive fait le pont entre sportivité et confort et incarne le meilleur des deux mondes. Elle parlera à celui qui trouvera la 911 Turbo trop extrême, et à l’inverse, la 928 trop sophistiquée à l’ADN plus GT que sportive.
Bilan
La Porsche 944 Turbo est une réussite. Elle marquera les années 80, et reste compétitive aujourd’hui avec des performances qui ne vous laisseront pas de marbre. Certains puristes tenteront de vous convaincre que ce n’est pas « une vraie Porsche » du fait de la position de son moteur, mais ne laissez pas quelques Jean-Michel Soixantenaire vous empêcher de l’acheter. Son châssis est redoutable, son moteur est fiable et son prix en occasion est encore abordable quand on le compare à la cote des 911 de cette même époque.
Acheter une Porsche 944 Turbo
Côté occasion, permettez-nous de vous rassurer. On est loin de la côte d’une 911 type 930, qui oscille entre 80 000 et 120 00 euros. Certes, la 944 Turbo est moins puissante et ne dispose pas d’un moteur arrière central, mais ses propriétaires n’en demandent qu’entre 15 000 et 22 000 euros, en bon état et avec moins de 200 000 km.