Conçue pour les USA, la Volvo 480 Turbo a finalement fait une bonne partie de sa carrière en Europe. Appréciée pour son design et ses équipements très généreux, il lui aura manqué un moteur plus punchy pour en faire une vraie GTI.
A la fin des années 70, Volvo rachète une ancienne usine DAF pour construire sa première traction avant : la Volvo 480. Très confortable et en avance sur son temps sur le plan technologique, elle ne manque pas de détails atypiques. On retrouve notamment des feux escamotables à l’avant et 4 places indépendantes à bord. Le bagage technologique et l’instrumentation est incroyable pour l’époque (1988). L’essuie-glace arrière se déclenche automatiquement lorsque vous faites une marche arrière par temps de pluie, le régulateur de vitesse est présent de série, les sièges en cuir sont chauffants, les vitres sont électriques ou encore le tableau/ordinateur de bord est très pointue avec des jauges et des commandes en veux-tu en voilà.
Pour revenir à la Volvo 480 Turbo, la presse internationale est unanimement élogieuse à sa sortie sur son confort et son châssis. En revanche, la retenue des designers sur son look sportif est pointée du doigt. Bien que son design atypique ne laisse pas indifférent, la suédoise ne montre aucuns signes de sportivité par rapport aux autres versions de la 480 ou à ses concurrentes européennes. Ainsi, on ne retrouve pas de kit carrosserie, de spoiler pelle à tarte, de jupes dégoulinantes, d’élargisseurs d’ailes ou encore de prise d’air sur le capot. Dommage.
Moteur (B18FT)
Répondant au doux nom de B18FT, le moteur de la Volvo 480 Turbo est un 4 cylindres turbo (Garett T2) développant 120 ch et 175 Nm de couple, couplé avec une injection Bosch LH Jetronic 2.2.
Fait historique intéressant : Renault et Volvo étaient partenaires à cet époque. Ainsi, lorsque le constructeur suédois a développé la Volvo 480, il s’est appuyé sur Renault pour le moteur puisque le bloc transversal F2N se prêtait bien à l’opération. Oui, les spécialistes l’auront reconnu. Il s’agit du même moteur que la Super 5 Bacarra/GTX et la R21.
Fiche technique synthétique de la Volvo 480 Turbo
- Moteur : 4 cylindres (1721 cm3) turbocompressé (Garett T2)
- Puissance : 120 chevaux
- Couple : 175 Nm de couple
- 0 à 100 km/h : 9,3 secondes
- Boîte de vitesses : 5 rapports (manuelle)
- Poids : 1055 kg
Construite initialement pour le marché américain, la Volvo 480 Turbo n’exploite pas autant son turbo contrairement à ce qu’on pouvait penser. Refroidi par eau et soufflant à seulement 0,35 bar, sa présence se justifie seulement afin d’apporter du couple très tôt. Ses 300 kg de plus n’aident pas et rendent le moteur presque sous dimensionné.
Mais ne nous faites pas dire ce que nous n’avons pas dit. Le moteur reste fiable et expédie le 0 à 100 km/h en 9,3 secondes. Ce chrono la place tout de même (en ligne droite) aux côtés de la Citroën AX Sport (9,2 secondes) ou encore de la Peugeot 205 1.6 GTI 115 (9,1 secondes). Il lui aurait manqué 16 soupapes, ou 8 soupapes de plus, pour vraiment assumer un caractère sportif. Dommage, ce moteur existait sur la Renault 19 16S, mais Volvo se contentera d’en rester là…
Au volant de la Volvo 480 Turbo
Même si les accélérations et les reprises ne sont pas aussi vertigineuses que ses concurrentes françaises, elles ne sont pas non plus laborieuses. Le bloc B18FT est simplement plus souple et civilisé. Vous pourriez presque oublier la présence de son turbo, c’est dire. Les accélérations franches se jouent entre 3600 et 5400 tr/min, vous laissant une faible marge de manœuvre pour faire crier la suédoise, sans compter que son freinage moyen (bien qu’assistés par un ABS en série) vous rappellera très vite à l’ordre.
Ne balayons pas néanmoins quelques unes de ses qualités. Sa position proche du sol est appréciable. Sa boîte de vitesses courte à 5 rapports procure est plaisante et son étagement offre même une vivacité bien réelle. La direction est communicative comme sur la plupart des petits gabarits de ces années là. Le châssis de la Volvo 480 Turbo, posé sur 4 roues en 14 pouces (ou 15 pouces après 1992) est plus que respectable. Il n’a pas à rougir de ceux de ses concurrentes françaises. Elle fait bien mieux sur ce point là que toutes les Ford de cette époque (Fiesta RS Trubo, XR2, XR3, etc.). En même temps… Son arrière train aura envie de jouer parfois, mais n’oubliez jamais que cette voiture a été conçue pour satisfaire un marché américain où la souplesse et le confort sont prioritaires.
Bilan
Conçu pour les USA, le coupé Volvo 480 Turbo est digne de mes bulletins de notes au collègue : « François a des qualités certaines mais n’exploite pas son potentiel ». Il lui aurait manqué un moteur plus musclé pour en faire une vraie GTI, puisque le châssis, la boîte de vitesses et le look sont déjà là, faisant d’elle une éternelle incomprise. Embourgeoisée pour satisfaire l’Oncle Sam, elle est très bien équipée, confortable et moderne.
Mais c’est son prix qui l’a enterré dans les années 80/90, ne lui permettant pas de convaincre plus d’automobilistes. Proposée à 149 500 FF en 1988, c’était deux fois le prix d’une Super 5 GT Turbo (73 600 FF). Quand on voit toutes les similarités qu’elle partage avec la française, il est difficile de défendre les atouts de la Volvo 480 Turbo. Aujourd’hui en occasion, aussi méconnue qu’abordable, les modèles en bon état et de moins de 200 000 km se vendront rarement au dessus des 2000€.